AMD ne produira plus, une nouvelle entité soutenue par des fonds d’Abou Dabi prend le relais

Le nouveau patron d’AMD ne l’avait pas caché, les analystes financiers ne se faisaient aucun doute sur la chose : le fondeur et concurrent de toujours d’Intel allait s’arrêter de fabriquer s’il voulait survivre, après tant et tant d’exercices financiers déficitaires…

L’info a été validée par Dirk Meyer lui-même au cours d’une conférence téléphonique mondiale. AMD va diviser ses activités en se séparant intégralement de ses unités de fabrication. Commentaire de Dirk Meyer : « Ce jour est historique pour AMD, qui crée une entreprise plus forte financièrement et plus ciblée« .

L’originalité de la chose tient à la création d’une nouvelle entité, baptisée Foundry Company (une dénomination apparemment encore provisoire), qui va hériter de l’intégralité des sites de production d’AMD (notamment les deux sites allemandes Fab30 et Fab36, basés à Dresde). C’est elle qui concevra pour AMD des microprocesseurs, tout en produisant des puces pour d’autres clients.

La nouvelle entité ainsi créée aura à terme un siège social dans la Silicon Valley et devrait avoir un effectif proche de 3 000 salariés. Mais si elle hérite d’usines de production, AMD s’engageant dans une activité « fabless » (sans usine propre), Foundry Networks va aussi démarrer dans la vie avec une dette s’élevant à 1,2 milliard de dollars transmise par AMD, ce dernier conservant dans la nouvelle entité 44,4% de son capital social.

Vous l’avez compris : AMD ne sera pas le premier actionnaire de Foundry Networks…

Mais qui alors ?

A cette question AMD répond Abou Dhabi. Non pas le pays mais deux fonds majeurs montés à coup de pétrodollars intéressés dans un redéploiement rapide pour cause d’horizon bouché des hydrocarbures…

Des deux groupes d’investisseurs venant de l’Emirat d’Abou Dhabi, le premier a pour nom Advanced Technology Investment Company (ATIC). C’est lui qui va détenir les 55,6% du capital de Foundry Company. En outre, ATIC va rapidement apporter 2,1 milliards de dollars dans la corbeille, dont 700 millions de dollars iront directement redorer les comptes d’AMD (dès cette annonce connue, l’action AMD à Wall Street a bondi d’emblée de plus de 24%, en dépit de la période actuelle).

Par la suite, ATIC s’est engagé à porter rapidement son investissement à 3,6 milliards de dollars, voire le double avant cinq ans… De quoi permettre à Foundry Company d’accroître régulièrement ses capacités de production en Allemagne et de lancer la construction d’une nouvelle usine implantée dans l’Etat de New York. Une unité qui devrait, selon AMD, autoriser la création d’environ 1 400 emplois directs et pas moins de 5 000 emplois induits.

La contribution provenant d’Abou Dhabi ne s’arrête pas là, puisqu’un deuxième fonds – public celui-ci – va être utilisé. Son nom ? Moubadala Development.  Pas tout à fait un inconnu, puisque depuis 2007 celui-ci avait déjà dépensé 622 millions de dollars pour détenir 8,1% du capital d’AMD. La nouvelle contribution de Moubadala Development s’élève à 344 millions. Soit de quoi lui permettre de monter à hauteur de 19,3% dans le capital d’AMD et de se voir offrir au passage un siège au conseil d’administration de la société.

Départ et conséquence(s) ?

Pour AMD, on l’a dit, cette scission était inévitable et l’arrivée de nouveaux investisseurs est une bonne nouvelle, car cela a un impact direct sur l’endettement de la firme. La stratégie « Fabless » va également avoir une incidence directe sur les coûts et va permettre à AMD de se concentrer sur la R&D afin de rester dans la course à l’innovation face à Intel, VIA et autres…
Bien évidemment, comme c’est toujours le cas dans ce genre d’opérations, AMD doit encore obtenir l’accord des hautes instances US et notamment la commission sur l’investissement étranger (CFIUS), compétente pour se prononcer sur les investissements dans des secteurs stratégiques et liés à la sécurité nationale. Mais cela ne devrait pas, selon plusieurs analystes financiers américains, poser un quelconque problème eu égard aux bonnes relations établies entre les USA et l’Emirat d’Abou Dhabi.