3SCI : une année 2011 globalement positive pour les TPE de l’informatique

Selon la dernière enquête conjoncturelle du 3SCI, les sociétés de service et de conseil en informatique de moins de 50 salariés ont bien réussi leur année 2011, et sont globalement optimistes pour l’avenir. Malgré quelques points noirs analysés avec le président du syndicat, Olivier Bouderand.

Le 3SCI (Syndicat des Sociétés de Service et de Conseils en Informatique) a publié début février son enquête conjoncturelle pour le deuxième semestre 2011. Elle a été réalisée auprès de 100 de ses 300 adhérents via un questionnaire papier et électronique.

Ces indicateurs sont intéressants à plusieurs niveaux. Déjà, tous les membres de la 3SCI sont des TPE de moins de 50 salariés, et même 60% ont moins de 50 salariés. La moyenne est de 7 à 8 salariés. Leurs domaines de compétence sont presque équitablement répartis entre l’intégration logicielle et réseau, le conseil et la formation, l’édition de logiciels, et le service (SSII) :


Selon Olivier Bouderand, président du 3SCI et P-DG de l’éditeur LES, « c’est relativement représentatif du tissu informatique français. » Le dirigeant du syndicat, que nous avons interrogé par téléphone, est toutefois conscient de la limite de l’enquête : « je pense qu’effectivement les gens qui se portent bien ont tendance à plus répondre à l’enquête. Mais je pense qu’elle reste représentative de nos adhérents et du marché. »

Les clients des TPE de l’informatique

Les très petites entreprises du secteur n’ont pas des clients à leur image. Au contraire, elles sont extrêmement B2B et voient gros : elles travaillent à 31% pour des grands comptes et des administrations, à 18% pour des entreprises moyennes (+ de 250 salariés), à 24% pour des PME, à 24% pour d’autres TPE, et à 3% seulement pour les particuliers. Malheureusement, l’étude ne s’intéresse pas aux exportations et aux clients internationaux.

Il apparait que les TPE ont du mal à signer avec les « gros clients » de leur pays. « On attend toujours ce fameux ‘Small Business Act’ qui nous permettraient de rentrer dans les grands comptes et les administrations » résume Olivier Bouderand.

« Ça serait bien qu’à un moment les belles promesses soient suivies de faits » s’exclame-t-il. « Répondre à un cahier des charges c’est très, très lourd. Mais dans les grandes entreprises il y a des gens qui ne sont payés qu’à répondre à des appels d’offre et à remplir ces cahiers des charges. »

En ce qui concerne les secteurs d’activités des clients, ils sont très divers : 29% ont été qualifiés comme « tous secteurs« , 19% offrent des services aux entreprises, 13% sont dans l’industrie, 7% dans la finance, 6% dans le BTP, autant dans le commerce, et 4% offrent des services aux particuliers.

Quelques problèmes de trésorerie

Olivier Bouderand, président du 3SCI (Syndicat des Sociétés de Service et des Conseils en Informatique)

Les relations des membres du 3SCI avec leurs fournisseurs sont globalement au beau fixe. Les encours qu’ils leurs ont accordés n’ont pas bougé pour 86% des entreprises, et les hausses et baisses s’équilibrent à 7%. Le cas de figure est similaire pour les délais de paiement acceptés par les fournisseurs. Pour 89% des répondants ils n’ont pas bougé, mais les baisses (9%) sont un peu plus élevées que les hausses (2%). De leur côté, les clients ont moins joué le jeu. 30% ont payé moins vite en 2011 qu’en 2010. Ces deux facteurs conjugués  pourraient expliquer les problèmes de trésorerie rencontrés par certaines TPE en 2011.

Une hypothèse confirmée par l’étude. Pour 10% des TPE, le « problème le plus épineux de 2011 était le manque de trésorerie« , dont la cause était à 70% du fait des clients et à 30% des banques.

Ah, ces banques !

Ainsi, 17% des TPE de l’informatique ont-elles demandé un encours à leur banque pendant le deuxième semestre. Mais 79% ne l’ont pas obtenu. Les banques sont très prudentes, et ont demandé une caution dans plus de la moitié de ces dossiers.

« Les banques n’acceptent plus en fin 2011 des prêts qui auraient sans problèmes été accordés au premier semestre 2011 » confirme Olivier Bouderand. « On nous a dit qu’il y avait une crise, mais en en discutant avec nos adhérents on s’est aperçu que l’on avait surtout des problèmes avec les banquiers à cause de leur frilosité au deuxième semestre, alors que le business marche plutôt bien. A notre niveau, nous démontrons bien que le problème est dans la finance, et pas dans l’informatique. »

Du coup, 10% des sondés ne font plus du tout confiance à leur banquier pour les aider, et 23% ne leur font « plutôt pas confiance« .

Des chiffres d’affaires globalement en hausse

Toutes les petites entreprises ne sont pas à la même enseigne, mais la fin de l’année 2011 fut positive pour une majorité d’entre elles. 47% profitent d’un CA en hausse par rapport au second semestre 2010, et seules 19% ont subit une baisse de leur chiffre.

Sur toute l’année 2011, le bilan a été encore meilleur : 67% des entreprises rapportent un CA en augmentation. Seules 20% des TPE rapportent une baisse de leurs ventes par rapport à 2010 :


On trouve tout de même 35% des sondés qui pensent que leur plus gros problème en 2011 a été « le manque de commandes et de CA. », ce que le président du syndicat confirme : « Les problèmes des TPE sont liés au commerce. On licencie peu, donc le coût des licenciements ou des embauches ne sont pas de gros problèmes dans nos entreprises. »

Et pourtant en 2011 le business s’est bien porté dans le secteur. « Les TPE sont souvent plus réactives, et elles ont bien souvent beaucoup de petits clients, qui lui permettent de mieux passer la crise. Bien que certaines sont des sous-traitantes de grands comptes. Nous sommes ceux qui recrutons et qui sont les plus dynamiques, parce que nous sommes plus petits. Les grosses entreprises ont tendance à geler les embauches ou à dégraisser un peu ces dernières années. »

Un bon moral pour 2012 et 2013

L’optimisme tout relatif des patrons de petites entreprises se lit dans leur anticipation d’une bonne croissance en 2012, et d’une croissance correcte en 2013. La meilleure réponse à la crise ne serait-elle pas la bonne vieille Méthode Coué ? « Garder le moral et ne pas tomber dans la sinistrose » pour 30% d’entre eux, « innover, trouver de nouveaux débouchés et de nouveaux produits » pour 29% des entrepreneurs et « augmenter l’activité commerciale » dans 30% des cas. Ils ne sont que 2% à envisager des réductions d’effectifs… Encore une fois, il faut mettre un bémol à ces chiffres, les plus en forme des entreprises étant sans doute sur-pondérées dans l’étude.


Comment et pourquoi aider les TPE ?

L’argument est surtout soumis aux décideurs politiques: aider les TPE parait être la meilleure façon de relancer la croissance et l’emploi dans ce secteur (comme dans d’autres).  Un ‘Small Business Act’ à la française pour soutenir le CA, et régler les dérèglements du monde de la finance pour améliorer la trésorerie, sont espérés dans ce registre.

La proposition de TVA sociale ne convainc en revanche pas le président du 3SCI, par ailleurs patron d’une entreprise de 30 salariés : « Je suis très, très dubitatif sur le sujet. Dans les grandes entreprises qui sont en concurrence avec des gens à l’export, je vois l’intérêt. Mais pour les petits, je n’arrive pas à voir où sera le bénéfice. La TVA Sociale, c’est vraiment plus pour les grand comptes. »

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