Signez la pétition contre la loi HADOPI ! Par Gilles Ridel, PDG de Nexway

La loi Hadopi présentée aux députés il y a une dizaine de jours n’a pas été rejetée par hasard ! Cette loi n’est pas passée parce que son volet répressif est représentatif d’un clivage générationnel important.

Ce clivage se retrouve forcément à l’assemblée entre les jeunes assistants parlementaires et les députés (ces derniers sont souvent leurs ainés et certainement moins férus de nouvelles technologies ou d’autres sites communautaires). Il est pourtant vain de vouloir arrêter l’évolution et la mutation des modèles par des lois répressives. On doit plutôt accompagner ces nouveaux modes de comportement et ces nouvelles attitudes de consommation.

Cette loi n’est pas passée parce qu’elle est perçue comme trop intrusive et portant atteinte à la vie privée.
L’appliquer oblige en effet à porter atteinte à la vie privée des gens, à appliquer les méthodes des pays les moins tolérants ou les plus totalitaires, méthodes que la France déplore et dénonce à raison. Cette loi n’est pas digne d’une démocratie comme la France et porte atteinte à son histoire et l’image de la patrie, la liberté et des droits de l’homme.

Cette loi n’est pas passée parce qu’elle est inapplicable et inégalitaire.
Inapplicable techniquement : le principe de détection IP peut être facilement contourné, les logiciels qui masquent les adresses IP vont monter au hit-parade des téléchargements. Toutes les mesures, même les plus strictes, pouvant être mises en œuvre par certains FAI pourront être contournées (Ex : une machine virtuelle). Et quid des millions de collaborateurs ayant accès à l’internet depuis l’entreprise ou les millions de citoyens ayant accès à l’internet via le Wifi en ville ou ailleurs ?
Inégalitaire : seuls les novices ou les petits en bout de chaine via les FAI pourront être vraiment contrôlés.
Cette loi n’est pas juste et pose un problème de légalité dès lors par exemple qu’une famille entière peut se trouver pénalisée par l’agissement du petit frère alors que la grande sœur à besoin de l’internet pour ses études… Par ailleurs, qu’en est-il du droit opposable à l’accès Internet dans ce cas ?
Et sans parler de ce cas extrême de double peine ou en plus de se voir privé d’Internet, il faut continuer à devoir payer son abonnement !

Cette loi n’est pas passé parce qu’elle est inutile.
Cette loi n’est pas faite pour durer, ce n’est pas une loi d’avenir, c’est une loi d’attente par défaut, protectrice des modèles existant (continuez à acheter des CD !).
Ne nous voilons pas la face, la loi est principalement portée par les lobbies musicaux, par certains grands majors et grandes enseignes, inquiets à juste titre du risque encouru pour les artistes mais certainement trop attentistes face aux nouveaux challenges et opportunités que permet Internet.
Parlons justement du modèle existant, où seule une poignée de vedettes ont accès à l’audience, selon des critères commerciaux pas toujours artistiques. Et en bout de chaîne pour la création, 10 à 15% du prix payé par le consommateur. Oui ! Moins de 15% du prix d’un CD doit être partagé entre l’auteur, l’interprète, les musiciens et toute la chaines de production. Ces acteurs en place, qui, pour la plupart n’ont pas été en mesure d’anticiper avec soit des initiatives trop timides, ou bien des projets type « world company » d’un autre temps.

Il y a par ailleurs un paradoxe, une ambigüité dans l’attitude de certaines majors, qui d’un côté, crient au pillage, et de l’autre, refusent de vendre aux nouveaux acteurs du téléchargement légal ou mettent des barrières élevées à l’accès de leur contenu. En tant que PDG de la société Nexway, leader du téléchargement légal en France, je suis bien placé pour le savoir et déplore d’en être souvent victime.

La cause de ce besoin de mutation prend ses racines dans la remise en cause des modes de communication et d’expression, qu’amène Internet. Chaque individu peut être maintenant à la fois acteur et spectateur, client ou fournisseur, lecteur ou rédacteur… Internet amène ces nouvelles possibilités mais également les nouveaux modèles et outils qui vont avec.
Déjà de nouveaux modèles se révèlent: autour de nous des milliers d’auteurs sont déjà en mesure de vendre leur création sur internet et depuis leur Blog.
Il faut multiplier les offres légales et cela, la loi le cite. Travaillons plutôt ensemble sur ce volet, faisons une meilleure promotion de ces offres et battons-nous pour mieux les réglementer.

De plus, un travail de prévention et d’avertissement serait certainement utile : certains sites de téléchargement illégaux sont truffés de virus, de pornographie et de pièges.

Je pense d’ailleurs à la création d’un label de certification de contenus légaux du type Legal Content (Si vous-même souhaitez avancer sur cette idée, merci de vos posts de proposition).

La loi sera pourtant représentée peu ou prou dans son même format, sauf si tous les parties les plus impliqués sur internet réagissent, si tous les connectés s’unissent.

Internet, une fois de plus, pourrait permettre de défendre l’internet. Je me propose d’ouvrir très prochainement une PETITION permettant à tous d’exprimer son opposition au volet répressif de la loi.
Si vous trouvez comme moi cette loi intrusive, inapplicable, inégalitaire, injuste, inutile, …. SIGNEZ !

Lien vers le post de Gilles Ridel : http://gillesridel.nexway.com/