Le Palm Tréo Pro : une réponse (perfectible) aux besoins des professionnels

Entre l’iPhone 3G d’Apple et le Blackberry Storm de RIM, Palm propose le Tréo Pro. Lancé sur le marché français début novembre, nous avons eu l’occasion de tester ce nouveau terminal mobile haut de gamme sous Windows Mobile 6.1 doté d’un processeur Qualcomm MSM7201 Dual-Core à 400 MHz avec écran tactile 320 x 320 pixels et clavier Azerty plutôt complet avec ses 35 touches bien agencées (et rétro éclairées s’il vous plait!) bien qu’un peu petit pour les « gros doigts ». Le clavier est complété par des touches de raccourcis (menu Windows, agenda, courriel et validation) réparties autour du pad de navigation.

Derrière un design soigné au formes arrondies tout de noir laqué (gare aux traces de doigts) et à l’ergonomie plutôt réussie dans l’ensemble, le successeur du Tréo 750 (le Pro est d’ailleurs parfois présenté comme le 850) renferme plus de 200 Mo de mémoire également répartie entre l’espace de stockage et la mémoire vive (selon les informations affichées par le système alors que la fiche du manuel – à télécharger sur le site du constructeur – indique 32 Mo de RAM et 170 Mo de stockage). Laquelle pourra être étendue via une carte micro SD accessible uniquement après retrait du capot (qui fait de la résistance, le bougre), ce qui ne nous semble guère pratique. Enfin, le Tréo Pro est une bête de communication. Il gère aussi bien le GSM que l’Edge, l’UMTS (3G) et l’HSDPA à 3,6 Gbit/s (3G+) enrichi au WiFi 802.11b/g et Bluetooth 2.0, sans oublier l’infrarouge.

Dans l’ensemble, l’écran tactile s’est révélé sensible (moins que l’iPhone, ne rêvons pas), y compris du bout des doigts bien que le stylet se révèle rapidement indispensable pour obtenir une bonne précision dès que les options se multiplient à l’écran. Cependant, l’affichage du clavier virtuel – qui complète le clavier « physique » – a montré des signes d’instabilité pour une raison que nous ignorons. Et que penser de la désactivation de l’écran tactile des options proposées (haut parleur, coupure du son, etc.) lors d’un appel téléphonique? Pour ne pas laisser notre oreille prendre inopinément le contrôle du smartphone? Il faut alors utiliser le pad de navigation. Pad qui remplacera éventuellement (et avantageusement) l’interface tactile pour évoluer dans les différents menus du système Windows.

 

Windows Mobile 6.1 apporte son lot d’applications bureautiques mobiles (Word, Excel, Powerpoint et OneNote), Internet (Internet Explorer que nous remplacerons rapidement par Opera Mobile pour un plus grand confort de navigation) et Messenger. Et, surtout, les fonctions de synchronisation avec Outlook via ActiveSync et de Push Mail. L’usage d’un webmail via le navigateur se révèle assez pratique et peut, au besoin, remplacer avantageusement le Push. Google Maps (qui, couplé aux fonctions GPS de l’appareil, apporte une aide basique à l’itinérance), Webraska Navigation (payant), Windows Live, Sprite Backup (application de sauvegarde des données) et Windows Media (sans oublier les jeux Bubble Breaker et Dame de pique) composent l’essentiel des applications par défaut. Liste que l’on pourra compléter à loisir, le Palm Tréo Pro étant notamment pourvu de la plate-forme Java.
Si nous n’avons pas testé la navigation Internet en 3G (faute encore une fois de forfait adapté), la connexion WiFi s’est révélée efficace (une fois la connexion établie, ce qui est toujours un peu lent) et la navigation somme toute fluide.

En revanche, nous avons été déçu par l’ergonomie de l’application photo/vidéo dont le passage d’un mode à l’autre (y compris dans les profils de prise de vue) nécessite du doigté tant les icônes de navigation sont minuscules. Et nous n’avons pas trouvé son alternative avec le clavier physique. Ni, d’ailleurs, comment activer le zoom de l’appareil photo (jusqu’à x8 sur le papier). Surtout, l’appel du mode prise de vue via une touche sur le côté s’avère lent (plusieurs secondes) : inutile de vouloir capturer un évènement au vol !

Cela dit, ce smartphone offre une définition de 2 millions de pixels (1600 x 1200) avec une qualité d’image acceptable, eu égard à la taille de l’objectif. De plus, nous avons été bluffés par la fonction panoramique qui, en juxtaposant simplement une série de 3 à 6 clichés, offre de quoi réaliser des effets de type « grand angle » que n’offre pas l’objectif par défaut. Notons par ailleurs la présence d’un format réduit qui permet de capturer de petites séquences vidéo pour les envoyer via MMS.

Dans l’ensemble, le terminal a répondu à nos attentes. Cependant, l’appareil n’est pas exempt de défauts que certains pourraient juger rédhibitoires, notamment au regard du prix du terminal. Ainsi, au bout d’un certain nombre d’allumage/extinction de l’appareil, nous ne  sommes plus parvenus à l’éteindre en dépit de notre acharnement sur la touche marche/arrêt. Seul le retrait de la batterie en est venu à bout. S’agissait-il d’un modèle de présérie ? C’est en tous cas un problème majeur qui, on l’espère, a été réglé par le fabricant.

D’autre part, si la coque arrière a résisté aux multiples manipulations (malgré l’aspect fragile du plastique), ce n’est pas le cas du stylet dont le capuchon (ou l’encoche) s’est décroché du corps. Une première, selon l’agence de communication de Palm. Peut-être sommes nous tombés là encore sur une mauvaise série… Un point de colle (forte) a suffit à remettre le tout solidifié dans son emplacement… pour ne plus y toucher (l’écran marche aussi très bien avec la pointe d’un stylo à la mine rentrée ou une clé mais au risque d’abîmer la surface tactile).

Autre grief : nous n’avons jamais réussi à lancer l’application de prises de notes susceptible de s’ouvrir d’une pression prolongée sur la touche appareil photo (indication du manuel). Un point qu’on jugera peut-être anecdotique, mais fort agaçant.

Enfin, ce smartphone souffre de quelques instabilités. Ainsi se réactive-t-il sur une application ou un menu que nous n’avions pas souvenir d’avoir chargé avant de verrouiller clavier et écran. Et que dire de cette synchronisation avortée qui a planté le terminal dont seul le retrait, encore une fois, de la batterie a pu nous délivrer?

 

Côté autonomie en revanche, le Palm se révèle satisfaisant. Plus que le Tréo 500 dans notre souvenir. Avec un usage modéré du téléphone, des jeux et de la navigation Internet par WiFi (1 heure d’usage cumulé par jour environ), le Tréo Pro tient une petite semaine sans nécessiter de charge. A ce propos, le câble qui sert à la fois de rallonge USB et de connecteur au transformateur est une excellente idée qui évite de multiplier les fils à la patte.
En résumé, le Palm Tréo Pro est plutôt un appareil satisfaisant même s’il n’a rien d’extraordinaire. Desservi par l’absence de partenariat avec un opérateur mobile, qui aurait pu le subventionner et rendre son rapport qualités/prix nettement plus intéressant, il place la barre d’acquisition du terminal à plus de 400 euros (prix constatés en ligne). Comment se laisser tenter face à des iPhone, HTC Touch ou autres Blackberry proposés nettement moins cher, avec forfait, par les opérateurs ?

Ce n’est en tout cas pas un concurrent menaçant pour l’iPhone côté écran tactile et ergonomie d’usage. Bref, son positionnement sur le marché français laisse songeur et le réserve quasi-exclusivement aux grands comptes prêts à acheter en masse le smartphone pour ses flottes de salariés nomades. Notamment ceux qui veulent
avoir l’agrément du clavier intégré en sus de l’écran tactile…