Pugilat: HP agressé par Oracle, qui prédit la fin de la génération des serveurs Itanium d’Intel

Moins d’une semaine après que HP ait réitéré ses engagements en faveur des serveurs Integrity  conçus autour des processeurs Itanium d’Intel et  supportant, sous HP-UX, des applications critiques, voilà qu’Oracle se désengage de cette plateforme. C’est via un communiqué lapidaire que la firme a  annoncé un abandon de tout développement logiciel pour Itanium ! (voir ci-dessous)

Un nouveau coup de sang de son bouillant patron déjà régulièrement en guerre ouverte avec HP, surtout depuis le départ de Mark Hurd et son remplacement par Léo Apotheker (cité dans le communiqué).
Le souci pour HP, et Intel, c’est qu’au-delà d’Oracle, Microsoft et à un moindre niveau RedHat et Ubuntu, avaient eux aussi affiché leurs distances avec l’Itanium. Microsoft en particulier avait diplomatiquement averti depuis plusieurs mois déjà qu’il n’englobait plus les plateformes Itanium dans ses roadmaps de développpements.

Intel dans la boucle ?

Dans son communiqué, Oracle explique que sa décision a été prise en concertation avec le fabricant de l’Itanium («après de multiples discussions avec les plus hauts dirigeants d’Intel»), le top management ayant laissé clairement entendre (« made it clear« ) que les Itanium connaîtraient une fin prochaine… Il n’empêche, comme le notent nos confrères d’ITespresso, « le coup est dur pour Intel » (cf. article ‘Itanium se retrouve sous les tirs croisés de Oracle et HP‘)  Et nos confrères de citer Paul Otellini  déclarant : « Nous restons fermement engagés à livrer une feuille de route de processeurs compétitive pour l’OS HP-UX, ainsi que pour les autres OS tournant sur des processeurs Itanium.  »

Les Itanium, dont le fonctionnement repose sur une architecture IA-64 (Intel Architecture 64 bits) de type EPIC (Expliciltly Parallel Instruction Computing), ont été il y a huit ans (déjà) le fruit d’un co-développement entre Intel et HP, ce dernier ayant longtemps donné le sentiment de soutenir le processeur Itanium plus que le fondeur lui-même ! Cependant, la situation avait ensuite évolué, Intel décidant de réinvestir dans sa plateforme avec l’annonce puis l’arrivée d’une nouvelle génération d’Itanium multi-coeurs (‘Tukwila‘), ce qui comblait d’aise HP.

Et contrairement aux informations tendancieuses d’Oracle, Intel avait bien confirmé il y a quelques semaines une nouvelle roadmap pour la famille Itanium. Après les Tukwila (premiers multi-coeurs) avaient en effet été annoncées la génération Poulson (3,1 milliards de transistors !) et la génération Kittson programmée pour 2012…

Oracle rassure les clients, inquiète les autres…

Pour rassurer les clients, qui ne sont de toute façon pas visés par l’annonce, Oracle affirme qu’il va poursuivre le support sous HP-UX/Itanium. Ce qui ne l’empêche donc pas d’enfoncer le clou en décidant de stopper sine die tout développement pour cet environnement matériel autour de ses SGBD et autres solutions maison.

Un contre-sens historique pour HP que d’abandonner ainsi Itanium, car il y a au bas mot «  encore 10 ans de stabilité autour de cette plateforme ». En Europe, HP n’est en tous cas pas isolé puisque par exemple Bull va continuer d’investir sur Itanium via son environnement gcos 8. Un porte-parole de Bull a ainsi affirmé : « Nos mainframes ouverts Novascale GCOS 8 intègrent les processeurs Intel Itanium les plus récents (« Tukwila »). Annoncès en 2010, ils seront commercialisés pendant plusieurs années. La feuille de route des systèmes novascale gcos 8 prévoit l’intégration du nouveau processeur Intel Itanium (nom de code « Poulson ») quand il sera disponible« . Autrement dit  et en substance: « Oracle peut bien annoncer ce qu’il veut, les affaires continueront de se faire sans lui »)

Bull ajoute : « Les caractéristiques techniques des processeurs Intel Itanium, notamment en termes de haute disponibilité et de puissance, sont parfaitement adaptées aux environnements mainframes gcos 8. Ceux-ci sont en effet utilisés pour les applications critiques de grandes entreprises et d’administrations centrales ». Et il conclut : « si les processeurs Intel Itanium sont les moteurs des systèmes novascale gcos 8, l’architecture des systèmes novascale gcos 8 allie les technologies Intel Itanium et Intel Xeon. Cette architecture permet ainsi aux applications gcos 8 de coopérer avec les applications Linux et Windows et d’adresser les bases de données du marché (notamment Oracle, Microsoft SQL, PostgreSQL). » A bon entendeur…

Nos confrères d’ITespresso plonge dans la psychologie « Ellisonienne » (exercice de haute voltige s’il en est…). Ils montrent que l’annonce d’Oracle constitue à coup sûr pour Ellison un choix tactique, car celui-ci était conscient de la forte dépendance des solutions progicielles d’Oracle aux plateformes HP-UX et qu’il cherchait depuis des semaines à convertir les grands clients HP-UX/Itanium à basculer sur d’autres propres plateformes. Pourquoi pas par exemple vers des modèles SPARC/Intel Xeon dont les performances rivalisent désormais avec les Itanium? Du reste, une promotion « spécial serveur » repérée aux Etats-Unis en dit long, selon nos confrères, sur l’état d’esprit d’Oracle et de son patron: jusqu’au 31 mai 2011, une réduction de 50% de remise est proposée pour une migration depuis un HP Superdome vers un serveur Sun SPARC Enterprise M8000 ou M9000 ! 
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Le communiqué d’Oracle :
« After multiple conversations with Intel senior management Oracle has decided to discontinue all software development on the Intel Itanium microprocessor. Intel management made it clear that their strategic focus is on their x86 microprocessor and that Itanium was nearing the end of its life.
Both Microsoft and RedHat have already stopped developing software for Itanium.  HP CEO Leo Apotheker made no mention of Itanium in his long and detailed presentation on the future strategic direction of HP.
Oracle will continue to provide customers with support for existing versions of Oracle software products that already run on Itanium.
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