Les directions des systèmes d’information abordent 2026 avec prudence. Malgré une demande IT toujours soutenue, les signaux budgétaires virent au rouge. Une enquête menée par Abraxio en juin 2025 auprès de 62 DSI révèle un climat marqué par la réduction des moyens et des arbitrages de plus en plus serrés.
Alors que la digitalisation reste un levier essentiel pour les entreprises, les perspectives budgétaires se tendent : seuls 35 % des DSI prévoient une hausse de leur enveloppe IT pour 2026, contre 41 % un an plus tôt. À l’inverse, 26 % anticipent une baisse, soit un bond de 14 points en deux ans. Cette évolution traduit une rupture de tendance, d’autant plus marquée que les coûts IT continuent d’augmenter, en raison de l’inflation et de la complexification des systèmes.
Hausse des coûts IT, budgets en recul : les DSI face à une équation délicate
Même pour les 31 % de répondants qui tablent sur un budget stable, la réalité est plus nuancée : face à la hausse structurelle des dépenses (abonnements, services managés, cybersécurité), un budget constant équivaut à une baisse en valeur réelle.
En parallèle, la pression financière est désormais citée comme principale difficulté par un tiers des DSI interrogés, devant les traditionnels défis d’alignement stratégique (25 %). Pour deux tiers d’entre eux, les négociations avec les directions générales ou financières s’annoncent tendues, un chiffre en forte progression (+18 points) par rapport à l’année précédente.
Run, cybersécurité, innovation : des arbitrages inévitables
Dans ce contexte, trois priorités budgétaires émergent nettement pour 2026. Le fonctionnement courant (Run) et les ressources humaines sont globalement préservés. Ils sont jugés incompressibles par les répondants, qui y voient la base du maintien opérationnel.
En revanche, la cybersécurité et la conformité bénéficient d’une attention renforcée. Elles apparaissent comme des postes devant être consolidés, en réponse à la montée des menaces et aux exigences réglementaires croissantes. Les DSI interrogés indiquent que ces hausses seront plus facilement acceptées par les directions.
À l’inverse, les dépenses liées au développement (Build) et à l’innovation technologique risquent d’être les premières impactées. Ce sont ces projets, souvent moteurs de transformation, qui pourraient être repoussés ou redimensionnés, faute de capacité d’investissement.
Entre contraintes économiques et attentes métiers, un rôle d’équilibriste
Trois quarts des DSI disent faire face à une triple contrainte : pression budgétaire, augmentation des coûts IT, et multiplicité des priorités internes. Pour y répondre, la gestion fine des arbitrages devient centrale. La capacité à expliquer clairement les choix, notamment la distinction entre Run et Build, ou encore la place de la cybersécurité, devient stratégique dans la relation avec les directions générales.
« Après une décennie de forte croissance des budgets IT, la conjoncture oblige les DSI à réinterroger leurs priorités. Leur mission n’a pas changé : elles sont là pour soutenir le fonctionnement et le développement de l’entreprise. Mais dans un contexte plus tendu et incertain, elles se doivent plus que jamais d’adapter leur feuille de route aux contraintes économiques et aux capacités de l’organisation qu’elles servent, en optimisant chaque fonctionnement et chaque coût qui ne crée pas directement de valeur », souligne Samuel Revenu, CEO d’Abraxio.
Même parmi ceux qui anticipent une hausse de budget, la prudence domine. Les marges de manœuvre restent réduites, et la capacité des DSI à maintenir la transformation numérique repose sur un pilotage serré et une capacité renforcée à justifier chaque euro investi.