Networth s’est imposé comme une exception sur le marché des télécoms B2B : un acteur indépendant, qui continue de s’appuyer sur un modèle d’auto-financement pour soutenir sa croissance, qui s’est accélérée ces dernières années.
Entretien avec Richard Aubry, son Président.
Quelles ont été les étapes qui ont marqué l’évolution de Networth ?
Richard Aubry : Networth est une entreprise née en 2001, mais qui a réellement pris son essor à partir de 2008, lorsque j’ai racheté 95 % du capital. À l’époque, l’entreprise stagnait, et nous avons choisi de la repositionner sur un modèle combinant deux métiers : celui d’opérateur télécom et celui d’éditeur de solutions. Ce double positionnement est aujourd’hui notre force et nous permet d’adresser le marché de manière différenciante. Notre croissance a été progressive, mais continue. Contrairement à d’autres acteurs du marché qui ont choisi la voie des levées de fonds, nous avons opté pour un développement en autofinancement.
« Aujourd’hui, cette indépendance est un atout majeur, car elle nous permet d’être réactifs et de prendre des décisions stratégiques sans contraintes imposées par des investisseurs ».
Cela nous a obligés à structurer chaque étape de notre expansion de manière rigoureuse, sans dépendre de décisions externes. Aujourd’hui, cette indépendance est un atout majeur, car elle nous permet d’être réactifs et de prendre des décisions stratégiques sans contraintes imposées par des investisseurs. Nous avons investi massivement dans le développement de nos solutions, notamment notre plateforme Centrex, qui est l’une des rares 100 % françaises. Tous nos services sont développés en interne, sans sous-traitance. C’est un choix qui nous permet de garantir une parfaite maîtrise technologique et une réactivité totale face aux besoins du marché.
Qu’est-ce qui distingue Networth des autres acteurs du marché ?
Nous sommes à la fois un opérateur télécom et un éditeur de logiciels, ce qui nous permet de proposer une offre entièrement intégrée. La plupart des acteurs du marché se spécialisent soit dans l’infrastructure, soit dans les solutions logicielles. Chez Networth, nous avons fait le choix de tout internaliser, du développement logiciel à la gestion des infrastructures télécoms. Cela signifie que nous maîtrisons l’ensemble de la chaîne de valeur, ce qui nous permet d’offrir une expérience fluide et homogène à nos partenaires.
« Nous avons pris le parti d’héberger l’intégralité de nos infrastructures en France, dans plusieurs data centers redondés ».
Un intégrateur qui travaille avec nous n’a pas besoin de jongler entre plusieurs fournisseurs pour gérer la téléphonie fixe, mobile et les services cloud. Tout est géré par une seule et même plateforme, ce qui simplifie énormément la gestion technique et administrative. En outre, nous avons pris le parti d’héberger l’intégralité de nos infrastructures en France, dans plusieurs data centers redondés. Cette approche nous permet de garantir un très haut niveau de sécurité et de conformité aux réglementations européennes, ce qui est un critère décisif pour nos clients.
Quel modèle avez-vous adopté pour atteindre ces résultats ?
Notre modèle repose sur une croissance progressive et maîtrisée. Nous avons toujours eu une approche pragmatique : avant de nous développer, nous avons consolidé nos bases. Cela signifie que nous avons investi énormément dans la robustesse de nos infrastructures et la fiabilité de nos services avant d’accélérer notre expansion commerciale.
« 60 % de nos effectifs sont des développeurs et des ingénieurs, notre priorité est l’innovation et l’optimisation de nos solutions ».
Nous avons également mis en place une culture d’entreprise orientée sur la technologie et la qualité de service. Aujourd’hui, 60 % de nos effectifs sont des développeurs et des ingénieurs, ce qui montre bien que notre priorité est l’innovation et l’optimisation de nos solutions. En termes d’organisation, nous fonctionnons avec une structure assez souple, ce qui nous permet d’être réactifs face aux demandes du marché. Nous avons fait le choix de ne pas multiplier les niveaux hiérarchiques, ce qui facilite la prise de décision et l’adaptation rapide à l’évolution des besoins de nos clients.
Quels facteurs expliquent la montée en puissance de Networth ces dernières années ?
Notre croissance repose sur plusieurs facteurs. D’abord, notre modèle économique est 100 % basé sur des abonnements récurrents, ce qui nous assure une stabilité financière et une bonne visibilité sur nos revenus. C’est un atout majeur, car cela nous permet de réinvestir régulièrement dans le développement de nos solutions sans dépendre de financements extérieurs. Ensuite, nous avons une croissance continue de notre réseau de partenaires, avec 5 à 8 nouveaux intégrateurs qui nous rejoignent chaque mois. Ce développement s’explique par la simplicité de notre modèle : nous fournissons à nos partenaires tous les outils nécessaires pour commercialiser et gérer nos services en toute autonomie.
« 5 à 8 nouveaux intégrateurs qui nous rejoignent chaque mois. Ce développement s’explique par la simplicité de notre modèle »
Nous avons aussi su identifier des opportunités sur des marchés en forte demande, comme le Machine-to-Machine (M2M). Ce segment est en pleine croissance, notamment pour les applications dans la télésurveillance, les alarmes et la gestion des ascenseurs. Notre expertise technique nous permet de proposer des solutions adaptées à ces usages spécifiques, ce qui nous ouvre de nouvelles perspectives de développement. Enfin, nous avons su bâtir une relation de confiance avec nos partenaires en mettant l’accent sur la qualité du support et de l’accompagnement. Nous ne nous contentons pas de vendre une solution : nous aidons nos partenaires à structurer leur offre et à monter en compétence sur les nouvelles technologies.
Comment envisagez-vous l’avenir de Networth ?
Le premier défi, c’est de gérer notre croissance tout en maintenant un haut niveau de qualité. Nous doublons notre EBITDA en 2024 et prévoyons la même évolution en 2025, ce qui est un rythme très soutenu. Cela implique de continuer à investir dans nos infrastructures et d’optimiser nos processus internes pour accompagner cette expansion.
Nous restons également attentifs aux opportunités qui peuvent accélérer notre croissance, à condition qu’elles soient alignées avec notre vision. C’est dans cette logique que nous avons procédé en 2024 au rachat de Policlem et TelcoSud, deux distributeurs spécialisés, l’un dans l’IoT et le M2M, l’autre dans le Centrex. Ces acquisitions ont été faites avant tout pour structurer leur développement et les aider à passer un cap, en intégrant nos méthodes et outils. Ce n’était pas une stratégie d’expansion forcée, mais bien une approche opportuniste pour accompagner des acteurs complémentaires qui avaient besoin de structuration.
« Nous restons également attentifs aux opportunités qui peuvent accélérer notre croissance, à condition qu’elles soient alignées avec notre vision ».
Nous avons également des réflexions sur un développement à l’international. Aujourd’hui, nous sommes principalement présents en France, mais nous avons déjà des clients à l’étranger. L’un des enjeux est d’adapter notre modèle à d’autres marchés tout en conservant la philosophie qui fait notre force : l’indépendance, l’innovation et la maîtrise complète de nos services.
Enfin, nous voulons rester agiles et proches de nos partenaires. Le secteur des télécoms évolue rapidement, et notre force est d’avoir un modèle qui nous permet d’innover sans être freinés par des contraintes structurelles. Notre objectif est de continuer à proposer des solutions à forte valeur ajoutée, tout en maintenant un haut niveau de performance et de service.
Propos recueillis par Guilhem Thérond, rédacteur en chef de ChannelBiz.
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