Téléphonie et collaboration, Internet et réseaux, Sécurité et Cloud… toutes les verticales qui font aujourd’hui le marché des télécommunications d’entreprise, sans exception, sont en profonde mutation. 2024 sera encore marquée par de nombreuses évolutions pour le secteur (usages, réglementations, innovations…).
Pour ce nouvel avis d’expert, ChannelBiz donne la parole à David Brette, co-fondateur et Directeur Associé de Sewan
Une téléphonie résolument polymorphe pour une hausse de la productivité en entreprise
On peut aisément l’affirmer : les postes fixes auront totalement disparu de nos entreprises d’ici à 2030. Et si la grande majorité des organisations qui font le tissu économique français ont déjà commencé à opérer leur mue, il y a aujourd’hui autant de téléphonie qu’il y a d’entreprises. Plus encore, il y a autant de fonctionnalités intrinsèques aux systèmes de téléphonie d’une entreprise qu’il y a d’usages en son sein. Et cette tendance à l’adaptabilité des offres de téléphonie hébergée devrait encore s’accélérer en 2024 en raison de la simplification de l’intégration des outils de téléphonie dans le Système d’Information (SI) de l’entreprise (CRM, ERP), notamment via des solutions de CTI (Couplage Téléphonie-Informatique) aux multiples API. Il devient ainsi très facile de générer un numéro au travers d’une application ou d’un CRM où l’on accède à toutes les informations, de l’historique aux données clients. De quoi améliorer considérablement la productivité des entreprises de toutes tailles. Car avec des temps de déploiement désormais raccourcis, ces solutions, par ailleurs plus accessibles financièrement, devraient se démocratiser dans les prochains mois. En parallèle, l’accélération de l’usage de l’IA au sein des outils de téléphonie facilite particulièrement le quotidien des équipes commerciales, des services clients et/ou des centres d’appels. Génération et reconnaissance de numéros, transcription automatique, résumés des appels, analyse d’humeur, définition de scénarios en fin d’appels… L’expérience utilisateur s’en voit grandement améliorée !
Fibre : un déploiement qui ralentit et un marché de plus en plus mûr
Le déploiement de la fibre, après un ralentissement marqué en 2023, devrait encore décélérer dans les prochains mois et années. En cause : un équipement déjà effectif pour les deux tiers des entreprises françaises. Les dernières organisations non fibrées aujourd’hui sont soit situées sur des zones non couvertes, soit peu enclines à changer de technologie pour des questions de coûts ou de gestion de projet. Celles-ci doivent cependant se montrer attentives : dans le cadre de la fin programmée de l’historique réseau cuivre (prévue en 2030), l’année 2024 marquera une première migration forcée vers la fibre pour 40 000 entreprises françaises. Une transition qu’elles doivent anticiper ! Pour celles localisées sur les dernières zones non éligibles, car relevant d’une plus grande complexité technique, des offres complémentaires (par satellite par exemple) pourraient émerger à l’avenir. Quant aux entreprises aujourd’hui équipées, elles attendent plus de leur prestataire (service client de grande qualité, intégration plus aboutie dans leur environnement…). Celles avec de forts enjeux opérationnels se tourneront par ailleurs de plus en plus vers du FTTO, proposant tout à la fois une plus grande maîtrise du lien internet et une meilleure qualité de service, pour des prix devenus plus abordables.
Cybersécurité : des enjeux toujours plus grands face au nombre exponentiel d’attaques
Les cyberattaques ont augmenté de manière exponentielle ces derniers temps : en France, 1 entreprise sur 2 a été victime d’une cyberattaque en 2022. Or les TPE/PME sont en première ligne : elles ont été attaquées 330 000 fois sur l’année passée, contre seulement 17 000 pour les plus grandes entreprises. Jusqu’à récemment, ces dernières semblaient sous-estimer les risques, alors même que les conséquences de telles attaques peuvent être dramatiques pour elles, allant parfois jusqu’à la faillite. Elles semblent enfin en avoir pris conscience, d’où une augmentation attendue des budgets des projets liés à la sécurité en 2024. Mais le besoin d’accompagnement personnalisé de ces petites entreprises sera plus que jamais prégnant face à la multiplicité de leurs enjeux en matière de sécurité : audit sécurité, acculturation interne pour mieux appréhender la valeur numérique de leurs données, approche globale de la sécurité, intégration de solutions techniques, prise en compte de leurs enjeux clients, etc. Les acteurs de proximité assistés de solutions les plus automatisées possibles devraient jouer un rôle essentiel : répondre à ce besoin universel avec un budget accessible.
Cloud : intérêt progressif pour un hébergement, souverain certes, mais aussi responsable
Enfin, si l’hégémonie des géants du Cloud persiste, nous devrions encore voir émerger de nouveaux acteurs sur cette verticale marché en 2024. Des acteurs alternatifs qui viendront ainsi répondre aux enjeux de compétitivité des entreprises de toutes tailles, de plus en plus liés à leurs efforts énergétiques. Au-delà d’une plus grande souveraineté, nos organisations – contraintes tout à la fois par de nouvelles réglementations comme par les attentes grandissantes de leurs clients en la matière – seront donc davantage en recherche de solutions plus sobres en énergie.
Sources : Baromètre du CESIN (Club des Experts de la Sécurité de l’Information et du Numérique) | Asteres 2023