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Actualités: ENTREPRISE

Arbitrages, signaux faibles et angles morts : que retenir de l’étude Trends of IT 2025 ? (KPMG /Silicon)

Pensée comme une grille de lecture, l’enquête a été présentée en avant-première le 5 juin à Paris, devant une audience de DSI. Philippe Leroy, rédacteur en chef de Silicon, et Sébastien Denoual, associé Tech Strategy & Transformation chez KPMG France, y ont partagé leurs analyses directes. Pour les prestataires IT, intégrateurs, MSP et revendeurs, cette étude offre des repères concrets pour ajuster leurs positionnements et mieux comprendre les décisions prises sur le terrain.

Une grille de lecture, au-delà des intentions affichées

Avec cette nouvelle édition de Trends of IT, Philippe Leroy revendique une approche volontairement qualitative. L’échantillon a été composé de profils ciblés : DSI, directions métiers, ETI et grandes organisations. « Nous n’avons pas cherché à produire une photographie du marché, mais une grille de lecture permettant de mieux comprendre les arbitrages réels et les lignes de fracture entre discours et mise en œuvre », explique-t-il lors de la présentation.

« Trends of IT 2025 nous éclaire sur les projets qui occupent l’agenda des DSI. Et un élément majeur se dégage : l’IT se concentre sur les domaines où l’impact Business est maximal. La finance, les ERP et la relation client s’imposent donc comme les priorités». Philippe Leroy (Silicon)

Objectif revendiqué : offrir une vision plus nuancée des transformations, documenter les arbitrages, mettre en lumière les signaux faibles, sans chercher à lisser les résultats. Une approche qui invite aussi les partenaires IT à ajuster leur lecture du marché : les intentions affichées ne sont pas toujours synonymes de budget, et les projets les plus visibles ne sont pas toujours ceux qui avancent le plus vite.

Une fonction IT toujours plus stratégique

En ouverture du rapport Trends of IT 2025, Sébastien Denoual esquissait déjà le portrait de décideurs du numérique de plus en plus stratèges, orchestrant de multiples initiatives de transformation, tout en cherchant à en maximiser la valeur. Cette évolution ne se traduit pas seulement par un élargissement des périmètres, mais par un recentrage progressif de la fonction IT sur les enjeux métier. L’étude insiste sur cette double mission : accompagner l’adoption des technologies émergentes, notamment l’IA, tout en assurant la robustesse des fondations techniques.

« Il s’agit d’accompagner les différents métiers dans la poursuite de leur transformation digitale, notamment avec l’adoption de l’IA, tout en continuant à investir dans la modernisation des fondations technologiques. » Sébastien Denoua (KPMG)

Cette tension structurelle se traduit dans les arbitrages observés : dans les grandes organisations comme dans les ETI, la fonction IT est appelée à servir la transformation digitale tout en assurant sa propre modernisation. Cela suppose de naviguer entre des objectifs parfois contradictoires : pilotage budgétaire strict, impératifs de sécurité, exigences des métiers, dette technique, et arbitrages stratégiques de la direction générale. La DSI devient ainsi un point d’équilibre entre ambition d’innovation et maîtrise opérationnelle. Elle doit à la fois orchestrer des projets à forte visibilité et s’assurer que les conditions techniques, humaines et financières sont réunies pour les soutenir.

Modernisation et gouvernance : des arbitrages très opérationnels

Les déploiements d’IA restent marginaux, même dans les grandes organisations. Dans 75 % des ETI, moins de 10 cas d’usage IA sont actuellement en production. Et au-delà de quelques rares entreprises déployant plus de 50 cas d’usage, l’industrialisation se heurte à des obstacles récurrents : manque de gouvernance, difficulté à justifier les ROI, ou encore intégration au système d’information existant. Pour Sébastien Denoual, nous sortons d’une phase de surexcitation pour entrer dans celle, plus complexe, de l’exécution. « Aujourd’hui, dans les entreprises, on ne parle plus de POC mais de vrais enjeux d’industrialisation. Ce n’est pas la technologie qui bloque, mais l’organisation, la qualité des données et la capacité à démontrer un retour sur investissement. »

Les priorisations budgétaires en 2025 ne se portent pas sur l’IA générative, mais sur des projets de modernisation des systèmes existants. La fonction finance tire la transformation, avec des projets d’ERP, de facturation électronique ou de pilotage budgétaire. Les outils de la relation client, et plus largement les briques de l’IT for IT (automatisation, tests, outillage des équipes internes) sont également renforcés. Sur les sujets de gouvernance, les entreprises cherchent à suivre les ROI dans le temps et à couper les projets défaillants plus rapidement. Les ETI apparaissent ici plus réactives que les grands groupes. « Elles arbitrent plus vite, priorisent mieux, et sont capables de mettre en pause un projet qui dérape », observe Sébastien Denoual.

Cloud, ESG et dépendances : des choix contraints

Côté cloud, les choix techniques reflètent moins une stratégie que des arbitrages imposés par les contextes réglementaires, économiques ou même diplomatiques. Sébastien Denoual le formule clairement : « Le cloud hybride devient la norme, mais pas par stratégie. C’est souvent la résultante d’historiques, de contraintes de souveraineté, de coûts, ou de dépendance fournisseur. » C’est aussi dans ce contexte que s’inscrit le ralentissement des initiatives ESG, souvent annoncées mais rarement concrétisées.

« Il y a un vrai écart entre le discours et les arbitrages concrets sur le terrain. Les directions générales disent que l’ESG est une priorité, mais quand il faut prioriser un projet, c’est rarement lui qui passe. » Sébastien Denoual

Pour les prestataires IT et l’ensemble de l’écosystème Tech, cette étude ne fournit pas un cahier des charges, mais un outil de lecture. Elle permet de distinguer les signaux forts des signaux faibles, les projets vitrines des besoins réels, et d’ajuster les offres en conséquence. Une lecture utile pour celles et ceux qui accompagnent les décideurs sur le terrain.

Pour télécharger l’étude « Trends of IT 2025 » 

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Guilhem Therond

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