Alcatel-Lucent prend l’eau et supprime 5 000 postes dans le monde

L’équipementier télécom souffle le chaud et le froid… Le chaud avec l’annonce de l’ouverture du tunnel sous la Manche à la téléphonie mobile… Trop rapidement oublié au profit du froid, avec la publication de ses résultats qui ont fait plonger l’action en bourse et l’annonce de la suppression de 5 000 postes dans le monde.

Ils étaient attendus à la baisse. Et de ce point de vue, Alcatel Lucent n’a pas déçu ! Les résultats trimestriels que vient de publier Alcatel-Lucent ne sont pas bons et les marchés financiers l’ont sanctionné immédiatement avec une nouvelle dégringolade de l’action en bourse. D’autant que dans le même temps, le groupe annonçait une nouvelle saignée dans ses effectifs ! Soit la suppression de 5 000 postes dans le monde…

Et si, on aurait pu retenir qu’à la veille des Jeux olympiques, l’équipementier a apporté le WiFi et la téléphonie dans une partie du tunnel sous la Manche, l’actualité ne retiendra que le plongeon du titre après la publication des résultats trimestriels… et donc cette annonce d’une nouvelle coupe claire dans les effectifs.

D’une année sur l’autre, le groupe affiche un retrait de 7,1 % de son chiffre d’affaires, à 3,5 milliards d’euros. La croissance de l’activité réseaux IP (10 %) n’a pas pu contrebalancer la forte baisse des activités accès mobile (-18,7 %) et optique (-16 %). Du coup, Alcatel-Lucent doit faire face à une perte d’exploitation de 86 millions d’euros et un déficit de 254 millions d’euros (ils étaient tous deux bénéficiaires en 2011)… Un trou béant à l’échelle d’un groupe tel qu’ALU.

Un Programme « Performance » qui conduit à la suppression de 5000 postes

Las… L’équipementier visait la rentabilité cette année. C’est raté ! D’où sans doute l’annonce par son  Directeur Général Ben Verwaayen, qui n’engrange pas vraiment les succès depuis qu’il chapeaute le groupe. L’annonce d’un nouveau plan drastique d’économies baptisé “Programme Performance”.

Originellement, il visait à accélérer la transformation du groupe. In fine, il va surtout se traduire, jusqu’à fin 2013, par une réduction massive des coûts de l’ordre d’1,25 milliard d’euros, soit 750 millions de plus que prévus.

Et comme souvent dans ce genre de situation c’est la variable humaine qui est d’emblée visée. Alcatel Lucent va procéder à la suppression de 5 000 postes dans le monde, sur les 76.000 employés que compte encore le groupe (près de 6,6% de ses effectifs).

Le communiqué officiel annonçant cette saignée précise que cette réduction des effectifs n’affectera pas les capacités de recherche et développement de la firme. Autrement dit, tous les services et tous les pays devraient être concernés, hormis la R&D.
La note positive, passée au second plan

Reste que le Groupe veut encore voir l’avenir avec optimisme (ça doit être plus dur pour les 5 000 personnes sacrifiées). Il indique que désormais les passagers de Shuttle, Eurostar et Fret, les navettes qui parcourent le tunnel sous la Manche, vont pouvoir désormais continuer de bénéficier de la couverture 2G et 3G par les opérateurs dans la partie sud du tunnel (sens France vers Grande-Bretagne) par les opérateurs français Orange, SFR et Bouygues Telecom. Le tunnel Nord (Grande-Bretagne vers France) sera couvert par les opérateurs télécoms britanniques après les JO de Londres.

Ne boudons pas cette annonce : il s’agit réellement d’un exploit technique réalisé par Alcatel-Lucent. Car le travail a été réalisé par 100 mètres de fond et sur les 57 kilomètres du tunnel. Pour ce faire, l’équipementier aura exploité un budget de 14 millions d’euros, a dû affronter le phénomène de ‘cage de Faraday’ imposé par le tunnel et le passage des trains qui réduisent la pénétration des ondes du signal radio, et a aussi dû prendre en compte et faire cohabiter les systèmes radio déjà présents dans le tunnel, en particulier celui qui est embarqué à bord des trains et le système tactique des pompiers.

Du bon boulot donc : Alcatel-Lucent a déployé un câble de diffusion du signal radio le long du tunnel Sud et installé 72 répéteurs optiques, un tous les 750 mètres ! Un chantier, que l’on imagine délicat entre un espace confiné et un trafic ferroviaire constant, qui aura duré 10 mois.

Le télescopage de cette annonce, tout à la gloire des capacités d’innovation et de l’expertise du groupe, et celle de ses piètres résultats complétée par la décision des licenciements massifs, n’est pas heureux. Encore faudrait-il que le Groupe se redresse et constate rapidement les bienfaits (si l’on peut dire) de décisions forcément brutales.

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