Étude : Comment les technologies grand public vont profondément changer l’entreprise

Avanade a publié une étude mondiale sur la consumérisation de l’IT. Sa conclusion : les technologies grand public, allant des smartphones aux tablettes en passant par le cloud, vont irrémédiablement transformer les entreprises. Celles qui s’y adapteront le mieux prendront l’avantage.

Thierry Cazenave, Directeurs Solutions, poste de travail, collaboration et communication unifiée chez Avanade France, nous a présenté les résultats de l’étude « Dispelling Six Myths of Consumerization of IT« . Elle repose sur les interviews de 600 DSI dans 17 pays, et a pour ambition de contester les idées reçues sur la consumérisation de l’IT.

Thierry Cazenave, Directeur Solutions pour Avanade France

Consumérisation : ce mot barbare désigne la tendance des employés à exiger de pouvoir utiliser en entreprise les technologies grand public auxquelles ils sont habitués. Ils les considèrent comme plus efficaces et plus pratiques. La consumérisation de l’IT comprend par exemple le fait d’utiliser les smartphones ou les tablettes pour les usages professionnels autant que personnels, ou celui de généraliser en entreprise les services de cloud computing, que ce soit les mails (Gmail), les messageries instantanées, les réseaux sociaux, etc.

Selon Avanade, un intégrateur qui fournit des services métier, fonctionnels et technologiques aux grands comptes, un des mythes de cette consumérisation de l’IT est que les entreprises font opposition à cette transformation. Mais « l’IT ne résiste pas aux technologies grand public qui arrivent dans l’entreprise, c’est confirmé par 88% des répondants. Et 60% de ces DSI investissement déjà dans les technologies de consumérisation, ils s’y préparent » assure Thierry Cazenave. L’étude précise même que 65 % des cadres supérieurs ont déclaré que la consumérisation de l’IT est une priorité absolue dans leur entreprise.

Trop tard pour reculer, il faut sauter

Plus qu’une évolution en douceur, c’est plutôt un combat déjà perdu pour ses opposants. Le mieux est donc de s’y préparer, car si « les entreprises disent qu’elles ont toutes les ressources pour accueillir ce changement, en fait ce n’est pas vraiment le cas. Un certain nombre déclare avoir connu des failles de sécurité, et les entreprises n’investissent que 25% de leur budget IT pour s’y adapter » assure Thierry Cazenave.

Autre mythe, l’idée que la consumérisation est un outil de recrutement efficace ne se vérifie pas dans les faits. A la place, « elle fait partie des packages utiles à la satisfaction des employés, » assure le directeur. « On a cru que les technologies grand public aideraient à attirer et retenir les talents. Si ça ne fait pas de mal, ça aide surtout à satisfaire les employés. Mais pas forcément à les retenir. Quand un jeune diplômé arrive dans l’entreprise il peut avoir une réaction de rejet face aux outils métiers, mais au bout d’un moment « l’utilisateur s’habitue à tout ». Une décision de départ n’aura souvent que peu de rapport. »

La culture d’entreprise change ? Pas tant que ça

Et le mythe que ces transformations vont changer la culture de l’entreprise, responsabiliser les jeunes employés ou stimuler les forces vices de l’entreprise semble infondé selon l’étude. Les directeurs d’entreprise estiment que les technologies informatiques personnelles sont surtout utilisées pour la productivité. Les DSI répondent à 58% que l’impact le plus important de ce changement est la possibilité de travailler en mobilité et à 42% celle de travailler hors de heures de bureau.

« Ces technologies augmentent la productivité. Les entreprises en sont convaincues, mais les absorptions arrivent par vagues successives » explique Thierry Cazenave. Une observation qui se vérifie dans les utilisations faites des smartphones et tablettes en entreprise. Outre l’accès aux e-mails ou à Facebook, les employés les utilisent de plus en plus pour les applications métier. Les applications de gestion de la relation client sont utilisées à 45 % sur ces appareils, celles de suivi des temps de travail et des dépenses à 44 % et les ERP à 38 %.

Petite remarque de notre interlocuteur sur ce sujet : « Les entreprises n’ont pas exactement toutes les ressources qu’il leur faut pour réaliser la transition. Ce point intéresse beaucoup les intégrateurs comme nous qui aidons les grands comptes à surfer cette vague là plutôt que de subir ses foudres. Il ne leur faut pas que des conseils technologiques. Il y a des problématiques de culture, de sécurité, légales, les données qui sont réparties sur tout le territoire… »

Les employés ambivalents

D’autant que finalement, les employés sont parfois les plus réticents au changement. « Ce qu’on a observé avec les messageries instantanées et les réseaux sociaux, c’était par exemple que le seul fait de devoir mettre sa photos, ou activer le GPS d’un smartphone sur une application mobile, a causé une levée de bouclier chez les salariés. Ils craignent que l’entreprise ne veille espionner leur vie privée. C’est pour ça qu’il faut un accompagnement technique et culturel. »

Sinon, l’étude a voulu mettre en évidence les marques gagnantes en entreprises, grâce à cette consumérisation. Et contre toutes attentes, Apple n’est pas sortie en tête : Android se trouve largement en tête, puis BlackBerry et enfin seulement Apple (surtout pour les ordinateurs portables). Un résultat surprenant, quand on connait par exemple les parts de marché de l’iPhone dans nos contrées.

Thierry Cazenave assure que trois forces irrésistibles vont imposer le changement : les consommateurs veulent utiliser au bureau les mêmes appareils qu’à la maison; Les fournisseurs de services SaaS poussent les entreprises à adopter leurs technologies pour bénéficier d’économies importantes; le DSI qui veulent moderniser leurs systèmes se tournent vers le cloud pour transformer du CAPEX en OPEX, en payant à l’usage, et parce que la décision met tout le monde d’accord, ce qui leur facilite la vie.

« C’est le nouveau challenge des entreprises. Le cycle de développement des applications métier va jusqu’à 30 ans, pour les infrastructures c’est 10 ans. Mais les périphériques changent tous les ans. La réponse c’est de diviser les taches, virtualiser, donner les accès à distance… avant que peut-être dans 30 ans toutes ces applications soient développées en HTML5. »

 

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