Bernadette Andrietti (Intel) : «Nous livrons 10.000 Atom par jour pour les set-top-box»

Une interview de Christophe Lagane (silicon.fr), du 20 avril 2011

Après IBM, c’est au tour d’Intel de livrer ses résultats sur le premier trimestre. Comme ceux de son compatriote, ils sont bons et même excellents. D’autant plus satisfaisants que l’essentiel de la valeur provient d’une croissance organique. Les récentes acquisitions, Infineon Wireless Solutions et McAfee finalisées au cours du trimestre, comptant pour moins de 500 millions de dollars dans les recettes de l’entreprise !

Globalement, Intel affiche un chiffre d’affaires de 12,8 milliards de dollars (normes GAAP) en hausse annuelle de 25 % (et de 12 % par rapport au quatrième trimestre 2010). Le bénéfice net s’envole ainsi de 29 % par rapport au premier trimestre 2010 à 3,2 milliards de dollars.

Le point avec Bernadette Andrietti, directrice des ventes EMEA (région Europe, Moyen Orient, Afrique).

Intel annonce de nouveaux résultats record. Comment l’expliquez-vous, quels sont les secteurs porteurs?

Bernadette Andrietti – Il s’agit d’un ensemble de phénomènes. La sortie de crise qui se confirme mis à part dans certain pays comme l’Angleterre ou l’Espagne mais une reprise très forte en Allemagne, en Russie, dans les pays de l’Est en général, y compris en France qui se maintient à un bon niveau. Le secteur est porté par le marché des serveurs qui reste très sain (+32 %), dans l’entreprise et autour des services (opérateurs, hébergeurs). Sur la partie PC nous profitons également du rafraîchissement sur Windows 7 et le nouveau marché des micro-serveurs [sous processeurs Atom, NDLR] prévoit une croissance de 10 %. Le marché des TPE/PME est lui aussi très sain et innovant avec des prévisions de croissance de 20 %.

Les processeurs Atom, encore modestes (370 millions de dollars) sont en hausse de 4 %. Pourtant, ils restent les grands absents des tablettes et smartphones…

B.A – Ils font partie de notre stratégie de diversification, notamment dans le secteur de l’IPTV et des set-top-box. Avec 10.000 pièces livrées par jour pour les «box». A ce titre, la Freebox Revolution constitue notre premier marché mondial [avec l’Atom CE4100, NDLR]. Orange et Bouygues Telecom ont également annoncé l’adoption de l’Atom [CE4200, NDLR]. En Italie, Telecom Italia a présenté sa box Cubovision fin décembre sous Meego [l’OS conçu à l’origine par Intel et Nokia, NDLR] qui embarque également une puce Atom. N’oublions pas non plus que le marché d’origine de l’Atom est celui des netbooks et qu’il s’en vend toujours beaucoup. J’en discutais la semaine dernière avec les revendeurs au niveau européen, ils me disaient être en rupture de stock sur les solutions hybrides (netbook/tablette) sur des produits comme ceux d’Asus et Dell. C’est un marché qui conserve une croissance honorable de 15 à 20 % et que notre nouvelle plate-forme Oak-Trail pour tablettes va renforcer avec 35 designs annoncés par nos partenaires constructeurs. Enfin, l’Atom répond au marché de l’embarqué : automobile, box et micro serveur.

Les puces pour PC sont également en hausse (+17 %) alors que les analystes prédisaient une baisse de la consommation de PC sous la pression de la concurrence des tablettes…

B.A – Les analystes ont une vue plus restreinte que la nôtre. Ils négligent notamment les PME/TPE, ce qui expliquerait la divergence. Et ils se focalisent aussi sur les pays matures et ceux qui ne vont pas bien. Nous, nous regardons du côté des pays émergents, et nous profitons donc d’une vue plus globale dans laquelle une croissance à deux chiffres s’affiche. Windows 7 y contribue aussi en partie même si les entreprises tendent aujourd’hui à étaler leurs déploiements dans le temps. Et, plus globalement, le marché de l’électronique va continuer de croître. Ce qui va nous profiter puisque nous couvrons presque tous les secteurs.

Oracle a récemment annoncé l’arrêt des développements de produits Itanium. Une annonce qui succède à celle de Microsoft. Parallèlement, les processeurs Xeon X86 sont de plus en plus puissants. L’avenir de l’architecture Itanium n’est-elle pas remise en cause?

B.A. – C’est totalement faux car les investissements sont énormes de notre côté avec de grands clients qui ont confirmé et renforcé leur engagement Itanium, comme nous l’avons annoncé à l’occasion du dernier IDF à Pékin [12 et 13 avril derniers, NDLR] avec l’annonce de Poulson pour 2012 qui doublera les performances actuelles de l’Itanium et s’inscrit en parfaite complémentarité avec les Xeon. Notre roadmap se construit d’ailleurs sur plusieurs années, une dizaine. On ne s’engage pas à la légère avec les clients !

Comment se profile le reste de l’année 2011?

B.A. – La croissance restera à deux chiffres, comme on peut déjà le voir sur le premier trimestre. Environ 20 % à l’échelle mondiale et entre 12 et 15 % sur l’Europe. Nous allons continuer d’innover sur les différents secteurs : les micro-serveurs, un axe que l’on va renforcer, nous allons démarrer sur le marché des tablettes et des smartphones, accentuer celui de l’IPTV et des data center.

(Propos recueillis le 20 avril 2011.)