Cisco et caméra HD: pas d’extra-ball pour la Flip Caméra

La croissance externe est-elle, comme le rappelait un grand industriel récemment, un aveu de faiblesse (au motif qu’on ne rachète que ce qu’on n’est pas capable de produire soi-même) ? En tous cas, n’est pas Apple qui veut… Et l’idée de commercialiser des produits très grand public quand on a plutôt une solide réputation sur les marchés B2B a tout d’un jeu risqué (« risky business », comme on dit de l’autre côté de l’Atlantique). C’est exactement ce que vient d’éprouver Cisco.

Confirmant le mail adressé en interne par John Chambers, charismatique CEO de la firme depuis des lustres (voir notre article ici) , la firme américaine a annoncé ce 12 avril qu’elle avait décidé de cesser sine die l’activité des « Flip Caméras » (activité rachetée quelques mois plus tôt à la firme israélienne Pure Digital), qu’elle provisionnait 300 M$ de charges exceptionnelles sur les 2ème et 3ème trimestres et – malheureusement – qu’elle allait licencier les 550 salariés travaillant dans ce domaine !

Pour rappel, la Flip Caméra déclinée en plusieurs modèles et en plusieurs tailles de mémoire (4 ou 8 Go) paraissait à son lancement révolutionnaire car permettant à peu de frais et avec une grande facilité de tourner en HD et de produire très vite des films pour la toile. Cela dit l’acquisition fin 2009 de cette technologie par Cisco avait étonné plus d’un observateur. L’activité de cette caméra a souffert de plusieurs faits concomitants, comme la concurrence de nombreux acteurs de l’électronique grand public ou venants du monde de la photo (Kodak, JVC, Samsung, etc.) qui proposaient eux aussi des mini-caméras HD et puis, surtout, la montée en gamme des capteurs photo/vidéo embarqués sur les principaux smartphones du marché, à commencer par Apple et son iPhone 4 qui a grandement amélioré les choses dans ce domaine par rapport aux 3GS.

Y’aura-t-il des répliques au tremblement de terre ?

Oui, sans doute. Cisco envisage en effet d’autres changements, susceptibles cette fois d’affecter son offre de vidéoconférence positionnée ‘high profile consumer’ et introduite en 2010 (là encore après une opération de croissance externe, concernant Tandberg), ainsi qu’une unité d’équipements réseau résidentiels, incluant les routeurs Linksys (là encore une gamme grand public de routeurs et autres produits WiFi entrée dans l’offre de Cisco depuis plus longtemps toutefois).  Cisco va faire en sorte que cette unité ‘Home networking‘ offre une garantie de profitabilité supérieure ainsi qu’un lien avec l’infrastructure réseau maison. En revanche, ces produits resteront distribués par des revendeurs, l’offre de téléprésence domestique « Umi » se retrouvant intégrée au portefeuille Business de la firme.

Comme le rappelle notre confrère ITespresso.fr, « la semaine dernière, John Chambers avait prévenu que Cisco avait « besoin de plus de discipline » et qu’il avait « déçu » ses actionnaires. Depuis un an, l’action de l’équipement télécoms a de fait cédé 35 %. Les marges stagnent depuis plusieurs trimestres et les investisseurs s’interrogent sur la stratégie du groupe. Depuis dix ans, celui-ci a enchaîné les acquisitions tous azimuts – 140 rachats, pour 34 milliards de dollars depuis 2000 -et a, notamment, tenté de se diversifier dans des activités grand public. Mais les intégrations de Linksys (modems) et de Scientific Atlanta (décodeurs) génèrent des marges moins confortables que le coeur de métier du groupe, les routeurs pour professionnels » .