Frédéric Tassy (HTC): « Smartphones : Android explose, Windows Phone renaît »

A l’occasion du salon IP Convergence, HTC a présenté les nouvelles déclinaisons de son smartphone phare Desire : le “Desire HD” (avec un appareil de 8 mégapixels doté d’un double flash, d’un processeur Qualcomm 8255 Snapdragon 1 Ghz) et le “Desire Z” (modèle “slide” avec appareil photo à 5 megapixels, nouveau processeur Qualcomm 7230 à 800 Mhz). L’occasion de revenir sur la percée du fabricant en France sur le marché des smartphones. Et les sujets ne manquent pas : Android vs WP7, concurrence, problèmes de pénurie du Desire, business des tablettes…

Quelle est la position de HTC sur le marché des smartphones en France ?

Frédéric Tassy : Sur la dernière période, de six à huit mois, HTC a explosé en France sur un marché des smartphones extrêmement soutenu. Et cela va continuer dans les deux ans à venir. Il y a eu un très fort investissement de HTC sur la partie hardware, interface utilisateurs (HTC Sense), qualité des matériaux et design. Nous sommes l’un des leaders sur le marché des smartphones mais nous sommes aussi une marque jeune (le début de la commercialisation de smartphones sous la marque HTC remonte à cinq ans, ndr : autrefois le fabricant travaillait sous le nom Qtek). Nous sommes en plein dans les retours des clients, ils sont ultra-positifs. Ensuite, il y a des choix technologiques déterminants : explosion d’Android et renaissance de Windows Phone 7.

Pourriez-vous préciser votre classement des constructeurs en France ?

Frédéric Tassy : HTC s’appuie sur les données du cabinet d’études Canalys. Le marché global de la téléphonie mobile en France en 2010, c’est 22 ou 23 millions de terminaux écoulés. Le segment des smartphones représente 9,5 millions d’unités. HTC ne communique pas d’objectifs mais Canalys considère que HTC pourrait atteindre 10% de taux de pénétration cette année en France [donc un gros million de smartphones vendus par HTC, ndlr]. Nous sommes donc derrière Apple avec l’iPhone et RIM avec son BlackBerry.

Comment se comporte le marché des smartphones en France par rapport aux autres pays européens dans lesquels HTC s’est implanté ?

Frédéric Tassy : C’est un marché dynamique. Mais l’Allemagne et le Royaume-Uni font mieux. Les marchés du nord de l’Europe sur lesquels HTC est extrêmement dynamique sont aussi intéressants. Historiquement, c’était une chasse gardée de Nokia. HTC se présente comme une alternative. Tout comme c’est le cas en France face à l’iPhone.

Considérez-vous l’OS Android comme votre fer de lance ?

Frédéric Tassy : Nous avons des focus égaux entre Android et WP7. Après, que le meilleur gagne sur le marché, mais c’est le consommateur qui le dit. HTC ne fait pas de préférence…

On peut convenir que la montée en puissance d’Android est phénoménale…

Frédéric Tassy : Oui. Il y a eu un gros coup d’accélérateur avec Android. Prenons trois mobiles Android qui marchent chez HTC et qui adressent trois segments de marché différent : HTC Wildfire (entrée de gamme), HTC Desire (milieu de gamme) et on vient de lancer le modèle Desire HD (haut de gamme). Ils cartonnent tous les trois. Mais, il y a deux ou trois ans, nous avons aussi observé un gros succès avec HTC Diamond ou le HTC HD2 (avec l’interface Sens) sous Windows Mobile. Les premières analyses pour WP7 prévoient aussi un gros démarrage. Je vous rappelle que HTC est le seul constructeur à lancer cinq terminaux WP7 sur le marché.  Trois sont disponibles sur le marché européen (et français) : HTC 7 Mozart chez Orange, 7 Trophy chez SFR, et HD 7 chez Bouygues Telecom. Et deux autres seront commercialisés aux Etats-Unis.

Pourquoi HTC s’est retrouvé pendant plusieurs semaines au cours de l’été en rupture de stocks avec le modèle Desire (sous Android) alors que la demande était forte pour ce modèle ?

Frédéric Tassy : Je ne veux pas nier le problème en lien avec une demande accrue des clients finaux. Nous avons observée une poussée énorme avec le HTC Desire pendant quelques semaines. Ce n’est pas un problème lié spécifiquement à la France. Si vous avez rencontré des problèmes dans les réseaux de distribution, c’est désormais résolu partout. Et, à l’avenir, c’est à nous de mieux planifier avec nos clients (opérateurs, réseaux de distribution). Je ne peux pas communiquer de chiffre sur le volume de HTC Desire vendus mais c’est le modèle qui marche le mieux. Nous poursuivons sur le même élan avec la sortie du Desire HD et le Desire Z.

HTC est le constructeur qui s’implique le plus fortement avec Windows Phone 7. Considérez-vous cela comme une prise de risque ou une garantie de succès ?

Frédéric Tassy : C’est déjà une preuve de partenariat. Nous le réaffirmons avec Microsoft corp mais aussi avec son équipe française. C’est une réelle implication dans le déploiement des terminaux dans les réseaux de distribution et la formation des vendeurs. C’est un gros travail à trois : HTC – Microsoft et les opérateurs. Je trouve que WP7 est vraiment très réussi. C’est ultra fluide avec les processeurs 1 gigahertz que l’on retrouve sur l’ensemble de nos mobiles. C’est bien intégré. HTC a juste rajouté une vignette avec son HTC Hub mais c’est tout. L’objectif n’est pas de réinventer la roue. D’autant que la roue est vraiment bien réussie sur WP7.

A quoi sert la nouvelle plate-forme HTCSense.com ?

Frédéric Tassy : C’est une manière de créer une très forte interaction entre son PC et son smartphone. Ce que vous pouvez gérer sur votre PC, vous pouvez le faire sur votre smartphone. Et vice-versa. C’est un portail avec des petites applications de la vie quotidienne qui apportent de la valeur ajoutée (géolocalisation…).

A l’instar d’un Samsung qui a créé Bada, HTC envisage-t-il de développer son propre OS mobile ?

Frédéric Tassy : Je n’ai pas d’information là-dessus. Mais, de mon point de vue, ce n’est pas la stratégie de HTC. Nous sommes d’abord un fabricant de mobiles.

Comment pourriez-vous fluidifier la distribution de vos smartphones en France ?

Frédéric Tassy : HTC s’adapte à l’écosystème de la distribution en France qui est très orienté opérateurs à plusieurs titres : la subvention est partout, les réseaux de distribution sont très liés aux opérateurs. Nous travaillons aussi avec les classiques comme Darty ou Boulanger. On commence à bien travailler avec les enseignes GSA (grandes surfaces alimentaires) : Carrefour, Auchan, etc. Sur le front du online, on a des partenariats avec des enseignes comme Pixmania, RueDuCommerce ou Amazon. J’espère que nous allons développer aussi nos liens avec les opérateurs mobiles virtuels (MVNO) comme Virgin Mobile ou NRJ Mobile. Sur le front des grossistes, on travaille avec The Phone House (enseigne grand public également), Tech Data ou Audim. En termes de channel management, nous allons beaucoup plancher en 2011 sur la notion de taux de recommandation en créant un lien avec les vendeurs (training, développement de la confiance, visites mystère…) au-delà du simple exercice d’image de marque.

Considérez-vous que le marché professionnel (flottes de terminaux vendues aux entreprises) est important pour HTC ?

Frédéric Tassy : C’est essentiel. Nous remportons beaucoup d’appels d’offres à travers Tech Data par exemple avec des grandes entreprises françaises comme la SNCF ou Accenture France. Ce sont des déploiements sous Windows Phone mais Android a également des projets de professio
nnalisation.

Y’a-t-il des projets de tablette chez HTC ?

Frédéric Tassy : On regarde attentivement le marché des tablettes. A ma connaissance, HTC n’a rien dit sur le sujet. La réalité, c’est que tout le monde parle des tablettes et tout le monde attend de voir comment cela va se passer. On sera très attentif aux ventes réalisées pendant la période de Noël et aux offres des opérateurs. Cela demande des éclaircissements.

Entre-temps, Samsung a débarqué avec son smartphone Galaxy S sous Android qui rencontre aussi un certain succès et sa tablette Galaxy Tab arrive prochainement…

Frédéric Tassy : La communication de Samsung est importante. Nous aussi, on fait de la communication, mais HTC ne dispose pas des moyens financiers mis en place par Samsung. Nous voulons pousser nos produits et faire passer des messages en utilisant nos propres leviers de communication.