Démission d’Eric Dermont : les actionnaires de Prologue mettent les pendules à l’heure…

Eric Dermont

Le communiqué démarre ainsi : « Notre Comité d’Actionnaires, comptabilisant au total plus de 40% des droits de vote de la société Prologue, et représenté par M. Georges Seban, fondateur et ancien Président de Prologue, souhaite apporter à la connaissance du public un certain nombre d’informations concernant la récente annonce par M. Eric Dermont de sa future démission de la Présidence du Groupe. »

La suite confirme certains faits énoncés à l’heure de l’annonce de cette démission, mais tord le cou à certains autres donnés pour avérés. Au départ, comme Eric Dermont le déclare lui-même, les actionnaires indiquent que sa décision de démissionner a été prise non pas spontanément mais lorsqu’il a appris que le Comité d’Actionnaires avait décidé d’obtenir au plus tôt sa révocation.

Mais pourquoi le révoquer ?

Ils expliquent qu’elle leur est apparue nécessaire dès qu’ils ont eu connaissance de certains faits commis par le PDG démissionnaire, dans le cadre de son mandat pour Prologue. « Nous lui reprochons notamment, expliquent-ils, d’avoir réalisé à titre personnel l’acquisition de l’activité Maintenance Applicative de la société EDS France, opération qu’il avait entièrement initiée et négociée pendant près d’un an au nom de la société Prologue en utilisant les moyens et le crédit de l’entreprise – causant ainsi à Prologue un préjudice que nous estimons considérable. »

En 2008, la société Prologue ayant appris que le groupe Hewlett Packard (HP) allait céder la division de Maintenance Applicative de sa filiale EDS France, avait souhaité se donner les moyens de faire cette opération. C’est dans ce cadre que M. Dermont, au titre de PDG de Prologue, a confié un mandat de conseil exclusif à une banque d’affaires de la place de Paris afin de l’assister dans la réussite de ce projet. Dans le cadre de ce mandat, le Groupe Prologue fit par écrit une proposition d’achat de cette division à HP, un investisseur institutionnel de renom soutenant cette offre.

Or, selon les actionnaires mécontents signataires de ce communiqué, la proposition a été purement et simplement abandonnée par M. Dermont, qui lui a substitué une proposition faite par une structure créée à cet effet et détenue personnellement par lui-même : EFFITIC.

On comprend d’où vient le malaise : la mobilisation pendant près d’un an des ressources de Prologue pour mener à bien cette négociation et utiliser le crédit de cette dernière pour négocier avec Hewlett-Packard et EDS France, n’aura pas porté ses fruits. Et pire que cela pour les signataires du comité : par là, « M. Dermont a choisi d’agir avec la plus grande déloyauté vis-à-vis de Prologue en infraction aux obligations de son mandat social. Il n’a pas hésité à détourner à son seul profit le bénéfice d’une opération qui était destinée dès son origine à Prologue. »

Après avoir eu connaissance des faits qui lui étaient reprochés…
Ayant été alertés de ces faits, certains actionnaires de Prologue ont dès lors obtenu par voie judicaire, en décembre 2009, la possibilité d’obtenir la copie du mandat de conseil signé par M. Dermont au nom de Prologue, la lettre d’intention du Groupe Prologue adressée à EDS/H.P., ainsi que de nombreux échanges de courriers « démontrant sans conteste possible les agissements de M. Dermont ».

S’en suit la mise en place d’un Comité de défense des intérêts de l’ensemble des actionnaires de Prologue. Et, dans la droite ligne de cette décision, la demande d’une révocation sans délai de M. Dermont de ses mandats d’administrateur et de Président du Conseil d’Administration de Prologue.

Prologue s’est donc retrouvée assignée la 16 avril dernier, devant le Tribunal de Commerce d’Evry, afin de nommer « un mandataire chargé de convoquer au plus tôt une Assemblée Générale de Prologue pour décider cette révocation ». C’est parce qu’il ne souhaitait pas fournir d’explications aux actionnaires sur les faits reprochés, que M.Dermont aurait donc présenté sa démission. Et le communiqué d’ajouter, pour enfoncer le clou : « Les saisies effectuées de manière concomitante le 16 avril par des huissiers dans les locaux de Prologue, d’Effitic et d’EDS/HP sur autorisation de justice ne sont sans doute pas étrangères, non plus, à cette démission précipitée. »

En guise de conclusion, le Comité des Actionnaires de Prologue dit se réserver le droit d’utiliser, notamment à l’encontre de M. Dermont, « toutes actions qui se révèleraient nécessaires pour rétablir Prologue dans tous ses droits ainsi que pour obtenir réparation des divers préjudices subis. »

La suite au prochain épisode !