Lettre ouverte adressée à Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat chargée de la Prospective et du développement de l’Economie Numérique

par Caroline Noublanche, Présidente de Prylos

Madame la secrétaire d’Etat chargée de la prospective et du développement de l’économie numérique,

Le rapport que madame Michèle Debonneuil, inspectrice générale des finances, vous a remis le 14 janvier 2010 plaide pour une politique volontariste fondée sur la mise en place de solutions originales de téléphonie mobile, en particulier dans le secteur des services à la personne.

Je me permets d’attirer votre attention sur le fait que les applications permettant de répondre à cette problématique existent déjà, qu’elles sont majoritairement le fait de jeunes PME françaises, au premier rang desquelles Prylos, que j’ai créée et que je dirige. Ces solutions rencontrent un écho très favorable auprès des professionnels du secteur des services à la personne.

Dans le cadre du Grand Emprunt, 4,5 milliards d’Euros seront prochainement alloués au développement de l’économie numérique, dont deux milliards seront consacrés au déploiement des réseaux à très haut débit et 2,5 milliards à soutenir les usages, les services et les contenus innovants.

Comme vous l’indiquiez lors de notre entrevue la semaine dernière, à l’Institut de la Vision, un des thèmes que vous avez, à raison, retenu pour ce deuxième volet est celui de l’e-santé. Il serait souhaitable que rapidement les secteurs du médico-social et des services à la personne soient inclus dans ce volet.

Avec le très haut débit, on répond à la problématique de la fracture numérique territoriale. Mais que faire pour la fracture générationnelle ?

A l’heure où la France compte 800 000 personnes dépendantes de plus de 65 ans et où les Conseils généraux peinent à financer les dépenses croissantes liées à l’allocation personnalisée à l’autonomie, ne pourrait-on pas imaginer qu’une partie des fonds aillent à l’équipement des personnes âgées en situation de maintien à domicile et aux intervenants du secteur médico-social ?

Le secteur des services à la personne est un vivier d’emplois non délocalisables et un des rares secteurs à avoir créé des emplois en 2009.
L’univers de la santé et celui du médico-social sont de plus en plus interdépendants sur le terrain. Les auxiliaires de vie, les aides-soignants et les infirmières libérales sont au contact quotidien des personnes en situation de maintien ou d’hospitalisation à domicile.

Equiper ces intervenants ou la personne concernée par les soins revient à faire entrer les nouvelles technologies dans les foyers français et permet de mutualiser les usages sur un terminal unique, basé sur des technologies grand public, qui bénéficient d’un rythme d’innovation permanent et de prix abordables.

Enfin, alors que les structures positionnées sur la dépendance peinent à équilibrer leurs comptes, les nouvelles technologies mobiles sont prêtes et opérationnelles ; leur retour sur investissement est avéré, comme Prylos et ses partenaires l’ont notamment démontré dans le projet ASAP, co-financé par la DGCIS et l’ANSP.

Malgré cela, les structures et les Conseils généraux sont actuellement dans une situation économique incertaine et hésitent à investir. Une impulsion financière aiderait à développer l’utilisation des nouvelles technologies dans ce secteur.
Un coup d’accélérateur pourrait être donné à la mise en place du sans-contact mobile, en finançant l’équipement en téléphones mobiles NFC, en badges NFC « citoyens ».

Cependant, à l’heure où les technologies évoluent rapidement, financer l’équipement, réflexe naturel de l’Etat, n’est peut-être pas le plus pertinent : le coût du terminal mobile est faible, le rythme de renouvellement des terminaux est rapide et le matériel devient vite obsolète.

Le financement des coûts d’exploitation pour une période donnée (offres télécoms aux prix et contenus adaptés, logiciels pertinents ou formations utilisateurs) serait incomparablement plus efficace pour développer les usages.
Inclure le secteur des services à la personne dans le cadre du Grand Emprunt participerait donc au développement d’usages citoyens, tout en adressant une des grandes problématiques de l’Etat, celle de la dépendance.

Dans l’espoir que les PME ne soient pas oubliées au profit de grands industriels, souvent moins agiles à mettre en oeuvre rapidement de telles innovations, je vous prie d’agréer, Madame la secrétaire d’Etat, l’expression de mes sentiments les meilleurs.