Avec l’iPad, Apple lance un touchbook qui ne risque pas de concurrencer les ebooks

Frédéric Cavazza, consultant et journaliste spécialisé

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Rien de très révolutionnaire au niveau des usages (surf sur internet, photos, vidéos, jeux…) ni des technologies mises en oeuvre (écran tactile LED multi touch, connexion WiFi et 3G, 10 heures d’autonomie…). Pour résumer, Apple nous propose avec cet iPad un terminal intermédiaire entre l’iPhone et les MacBooks correspondant à un usage mix intérieur / extérieur.

La future vache à lait de la gamme

Même s’il faut reconnaître l’indéniable qualité de fabrication propre aux produits Apple, force est de constater que cette machine est loin d’être révolutionnaire : pas d’encre électronique, pas de webcam, pas de ports USB ou SD Card, pas de senseurs arrières… Précisons que l’iPad sera propulsé par une version adaptée du système d’exploitation de l’iPhone afin d’assurer une compatibilité avec l’écosystème des applications déjà disponibles. Un choix logique au vu de la richesse de cet écosystème mais qui me laisse sur ma faim : l’iPad est très clairement positionné pour être la vache à lait de la gamme et non développer de nouveaux usages.

La présentation de cet iPad est d’ailleurs entièrement tournée autour des produits “traditionnels” d’Apple : musiques, films, jeux… l’iPad est ainsi le terminal alternatif pour consommer tout ce qui se trouve dans iTunes.

Les observateurs avertis auront noté la grande ressemblance entre l’iPad et le Litl qui se positionne également sur des usages très “casual” de l’outil informatique domestique :

Toujours pas de Flash dans Safari

L’iPad semble être également un terminal particulièrement bien adapté pour surfer confortablement sur votre canapé. Et pour cause : très léger, il tient bien dans la main et permet d’afficher un site web en pleine largeur grâce à une résolution de 1024*768.

Enfin un iPhone capable d’afficher correctement une page web

Seul problème, il n’y a visiblement toujours pas de Flash sur l’iPhone OS :
Pas de flash sur l’iPad

Ce manquement est à mon sens une grave erreur car même si cela permet de sécuriser les revenus d’iTunes, cela positionne l’iPad en situation d’infériorité par rapport aux nombreux touchbooks déjà présents sur le marché et surtout les nouvelles générations de machines comme la Slate d’HP.
Un beau gadget pour du travail d’appoint

Steve Jobs a fait sensation lors de la présentation en dévoilant les versions spécifiques d’iWork pour l’iPad : tout a été conçu pour tirer parti des spécificités de la machine.


iWork sur l’iPad

J’imagine qu’utiliser un iPad pour projeter un diaporama doit faire sensation auprès des aficionados, mais je doute que le clavier virtuel soit suffisamment confortable pour rédiger dans de bonnes conditions.



Comme ils pensent à tout chez Apple vous pouvez bien sur acheter le clavier qui va avec, mais vous perdez ainsi le bénéfice de la transportabilité.


Le clavier qui va avec l’iPad

Donc si nous résumons : l’iPad n’est donc résolument pas tourné vers les usages professionnels. D’autant moins qu’il n’intègre pas de webcam, oubliez donc toutes les possibilités d’en faire le terminal ultime pour faire de la visio-conférence. Vous pouvez éventuellement faire de la VoIP avec l’application Skype ou encore le tout récent Google Voice.

Un terminal pas réellement adapté aux livres et journaux électroniques

Venons-en maintenant au sujet qui fâche : les livres et journaux électroniques. Le NY Times a bien prévu une application adaptée à l’iPad, mais elle me semble guère convaincante pour un usage prolongé car lire sur un écran fatigue les yeux. L’iPad ne va donc pas apporter grand chose au Times Reader, à moins de proposer une mise en page et des services spécifiques (cf. Vers une nouvelle bataille des navigateurs pour les ebooks et touchbooks ?). Mais tout ceci coûtera forcément de l’argent et pourra être rentabilisé par les abonnements mais ne remboursera pas la création du contenu en lui-même.

Je suis plus que sceptique quand au potentiel de l’iPad en tant que lecteur de journaux électronique : le confort de lecture ne sera pas suffisant et l’autonomie est trop faible pour en faire un terminal passe-partout. Je place de bien plus grands espoirs dans le Skiff Reader qui s’annonce réellement révolutionnaire.

Le Skiff Reader sera disponible dans le courant de l’année 2010

Concernant les livres électroniques, le constat est le même : l’écran de l’iPad n’est tout simplement pas adapté à une lecture prolongée. Même s’ils essayent de bien faire les choses avec une interface où l’on voit les pages tourner, une belle bibliothèque en bois et un très beau iBook Store (comptez 15$ par livre), nous sommes bien loin de l’expérience de lecture proposée par les terminaux à encre électronique (oui c’est bien du Kindle dont je parle).
Les livres électronique sur l’iPad

Les livres électroniques sur l’iPad

Nous en revenons donc à la grande question des contenus (cf. Quels contenus pour les touchbooks et ebooks ?) et je reste persuadé que touchbooks et ebooks ne sont pas réellement concurrents.
Un terminal grand public qui ne va pas révolutionner le marché

Au final nous avons donc une belle machine qui se contente de reproduire l’expérience (concluante) de l’iPhone en prolongeant les usages existants (web, musique, jeux, vidéos…) sans chercher à réellement bouleverser le marché. Comprenez par là qu’avec l’iPad, Apple cherche avant tout à générer du cash au travers de l’écosystème iTunes, mais il en faudra plus pour révolutionner l’outil informatique.

Car même si l’iPad est proposé à 499$, la version complète s’approche des 1.000$ (avec 64 Go de stockage, connexion 3G, station d’accueil, câbles et étui). Et 1.000$ c’est beaucoup plus qu’un touchbook équipé d’Android. Et oui, vous vous doutiez bien que j’allais parler de Google à un moment !

Soyons lucides, ils annoncent trois mois de délai pour la version 3G, trois mois c’est plus qu’il n’en faut à Asus ou HTC pour finaliser un touchbook compatible avec le système d’exploitation mobile de Google qui propose un bien plus grande liberté et un navigateur web avec Flash (cf. Flash Player bientôt disponible sur les
smartphones Android). Même si la machine sera moins bien fignolée, elle sera moins chère et surtout plus “ouverte”.

Pour finir je dirais que l’absence de clavier physique sur l’iPad risque d’en rebuter plus d’un. J’invite ceux qui prétendent le contraire à poser la question aux possesseurs de terminaux Blackberry (ils ne sont pas prêt à abandonner leur petit clavier au profit d’une dalle tactile). Ceci laisse donc une autoroute aux netbooks de nouvelle génération qui répondront aux mêmes usages mais avec un clavier en plus. Je pense que le smartbook de Qualcomm associé à Chrome OS sera bien plus disruptif (cf. Avec Chrome OS Google se positionne sur l’outil informatique du futur).

La suite de l’article est disponible ici: www.fredcavazza.net/2010/01/27/avec-lipad-apple-lance-un-touchbook-qui-ne-risque-pas-de-concurrencer-les-ebooks/