Pas morte, la bande de sauvegarde magnétique

Par Amari Tegguer, directeur des ventes protection de données, Iron Mountain France.

Pour reprendre la citation de Mark Twain, les rumeurs concernant la mort de la bande magnétique ont été grandement exagérées. Ce bon vieux support remplit toujours la tâche pour laquelle il a été conçu, avec une efficacité que des solutions plus modernes ont parfois peine à égaler. L’une des clés de sa longévité réside dans le sentiment de sécurité qu’il inspire, mais celui-ci ne pourrait être qu’illusoire si les entreprises ne prennent pas soin de le traiter avec les précautions nécessaires.

Les technologies de stockage ont parcouru beaucoup de chemin au cours des 50 dernières années : les bobines de 10,5 pouces ont été remplacées par des cassettes de 0,25 pouce, qui ont à leur tour cédé la place aux environnements virtualisés actuels. La cassette de bande magnétique aurait bien mérité sa retraite sur une étagère poussiéreuse, aux côtés de la cartouche musicale 8 pistes. Pourtant, selon une enquête réalisée en 2008 par Gartner, la bande magnétique demeure le support de sauvegarde privilégié par 90 % des entreprises. Pourquoi ?

La bande de sauvegarde magnétique a su suivre le rythme rapide de l’évolution de la demande en matière de stockage. Les formats modernes offrent une capacité pouvant atteindre 1,6 téraoctet, ce qui en fait des solutions économiquement concurrentielles sur le marché du stockage portable. La demande croît, avec des ventes en progression de 15 % pour les lecteurs LTO en 2007 et de 10 % pour les cartouches en 2008. Les fabricants, notamment Fuji, HP et IBM, investissent pour faire en sorte que la bande continue de répondre aux besoins. Ce vieux support n’est pas encore mort et pourrait nous réserver quelques surprises.

S’il existe des données que vous ne pouvez tout simplement pas vous permettre de perdre, une cassette analogique a l’air plus rassurant que son homologue numérique apparemment immatériel. Les bandes peuvent être facilement extraites du centre de données, contribuant ainsi à assurer la continuité de l’activité en cas de sinistre. Elle constitue aussi un élément physique dans un monde virtuel : vous pouvez quasiment voir vos données, les toucher, et vous savez qu’elles sont là.

Cet aspect psychologique comporte une part de rationnel. Les professionnels de l’informatique ont grandi avec la bande magnétique : celle-ci ne demande ni nouveau matériel, ni nouvelle formation, et elle fonctionne bien. Elle est également imbattable en termes de consommation d’énergie : un téraoctet stocké sur bande ne consomme rien, contrairement au même téraoctet conservé sur un support numérique qui nécessite de l’électricité. Chacun des deux formats possède ses propres atouts, raison pour laquelle de nombreuses entreprises les considèrent comme des technologies complémentaires.

Les points forts de la bande peuvent aussi se transformer en points faibles. Sa capacité de stockage rapide et économique est de nature à faire sourciller les instances de réglementation, sa longévité et sa solidité sont souvent confondues avec l’indestructibilité, sa portabilité peut également rimer avec insécurité.

Dans un contexte réglementaire contraignant, la bande offre un moyen pratique de tout sauvegarder « au cas où ». Attention toutefois : l’application du principe « dans le doute, sauvegardons » peut se révéler dangereuse en matière de stockage. La conservation de données superflues peut en effet être aussi pénalisante que la non conservation d’informations indispensables. C’est un domaine qui exige les connaissances d’un spécialiste.

Dans bien des cas, des membres du personnel emportent des cassettes chez eux, ce qui crée un maillon faible dans la chaîne de sécurité. Ces cassettes, sans doute transportées dans un sac, peuvent facilement être oubliées dans un taxi, un bus ou un train. En l’espace d’un instant, des données critiques pour l’entreprise sont perdues.

Même si elle arrive intacte à destination, la bande est loin d’être en sécurité. A court terme, au-delà d’événements improbables (mais pas impossibles) tels qu’un incendie ou un cambriolage, les oxydes métalliques utilisés dans les bandes sont extrêmement vulnérables à l’humidité, par exemple du café renversé. Sur le long terme, la probabilité d’une catastrophe « improbable » augmente, tout comme le risque environnemental. Quand bien même la bande n’entre pas en contact direct avec de l’eau, l’humidité contenue dans l’atmosphère finit par entraîner une corrosion du métal. La solution consistant à entreposer les bandes dans une chambre forte est également imparfaite, car les données ne seront pas accessibles en dehors des heures d’ouverture de la banque. Enfin, il existe un autre risque, celui d’un employé à priori digne de confiance qui se retourne contre son employeur.

Ce n’est pas parce que la bande de sauvegarde est considérée comme robuste et d’une technologie relativement peu complexe qu’elle ne doit pas être traitée avec précaution. Un prestataire tel qu’Iron Mountain collecte et restitue des bandes à toute heure du jour et de la nuit, de sorte que les données soient disponibles où et quand elles sont nécessaires. Le transport s’effectue dans un véhicule climatisé, sécurisé et suivi par satellite. Une fois arrivées sur leur site de stockage, les bandes font l’objet d’une surveillance 24 heures sur 24. Des systèmes de régulation des conditions ambiantes et, en cas d’incendie, d’extinction à sec garantissent l’absence de toute humidité préjudiciable à l’oxyde métallique sur lequel sont enregistrées les données.

Un partenaire contribue à protéger les actifs d’une entreprise en fournissant des conseils relatifs au cadre réglementaire, en l’aidant à observer de bonnes pratiques de conservation ou en fournissant des services de déduplication pour atténuer les risques liés à la confidentialité des données.

Chaque entreprise devrait en effet agir autour de cinq axes principaux :
• L’affectation des responsabilités, des devoirs et des autorisations, notamment lorsque les données sont très sensibles
• L’évaluation des risques
• Le développement d’une procédure de protection des données
• La diffusion de la procédure
• L’exécution et l’évaluation de cette procédure

Les entreprises doivent se prémunir contre tout ce qui peut nuire à leurs données, qu’il s’agisse de la perte d’un bagage, de la vengeance d’un employé mécontent ou simplement d’une tasse de café à l’équilibre instable. A cet égard, la bande magnétique offre une grande capacité de survie. En combinant ses atouts avec un stockage professionnel, les entreprises ont l’assurance que les informations qu’elle renferme restent exploitables pour longtemps.

La sécurité des données devient primordiale pour les entreprises françaises qui commencent à prendre conscience de l’impact de la sécurité sur leurs activités et réalisent que la minimisation des exigences de sécurité des informations peut avoir de lourdes conséquences. Conscients des risques, les directeurs généraux acceptent désormais plus volontiers de privilégier la sécurité des données et d’investir en conséquence.