Le succès des Netbooks pourrait gâcher le cycle habituel de renouvellement du parc de PC

Beaucoup d’observateurs de l’industrie déclarent que les netbooks cannibalisent les ventes de portables traditionnels et sacrifient le prix de vente moyen des PC portables. Mais serait-ce la partie visible de l’iceberg?

Tandis que les géants du monde PC, tels que Dell et HP, prévoient un cycle important de rafraîchissement de leurs gammes PC pour le début et la moitié de l’année 2010, en s’appuyant sur une demande différée (ndt : à cause de la crise) et sur l’arrivée de Windows 7 qui devraient pousser les entreprises à moderniser leurs flottes de PC, une zone perturbée due à l’omniprésence des clients légers et au succès des mini-PC, tels que les netbooks et autres net-tops, se profile à l’horizon. En grande partie masqué, cet iceberg-là est sur le point de couler le navire du renouvellement des gammes (ndt: des parcs de PC en entreprises).

L’effet papillon

Bien que les net-tops n’ont pas encore produit un tabac énorme, certains revendeurs à valeur ajoutée et des analystes croient qu’il y a beaucoup de potentiel dans le fait de remplacer effectivement de nombreux PC dans les entreprises par des net-tops, des netbooks et autres clients légers.

« Beaucoup d’utilisateurs n’ont besoin que d’un accès Internet et d’une informatique légère comme un simple traitement de texte, et ces machines sont véritablement faites sur mesure pour cela« , explique ainsi Jude Daigle de PA Computer Connexion, fournisseur de solutions à Pittsburgh. « Maintenant que le génie a réussi à sortir de la bouteille, les fabricants ne semblent plus en mesure de l’y remettre, d’autant que même les machines de plus faible puissance peuvent très bien exécuter la plupart des applications, Windows 7 fonctionnant assez bien avec le processeur Intel Atom pour les besoins du plus grand nombre des utilisateurs de portables, alors pourquoi dépenseraient-ils plus ? « 

La société de Daigle commercialise des machines Acer, et Acer a récemment introduit un Net-top avec vidéo améliorée – une machine qui vise carrément les utilisateurs professionnels et qui du reste est uniquement disponible par l’intermédiaire du réseau de revendeurs ad hoc. Cela n’a pas échappé à plusieurs sociétés, y compris Daimler Chrysler, qui cherchent à réduire les coûts. Elles se sont tournées vers des alternatives telles que les clients légers.

Si le marché des Net-Op de faible puissance et des netbooks commence à peine à prendre racine dans le business, certains analystes s’accordent à dire que le potentiel est là. « Acer positionne son Net-Op  en guise de ‘desktop replacement’ pour les cols blancs qui ont besoin de bien peu de choses au-delà d’un simple navigateur et de Microsoft Office« , déclare Charles King, analyste principal chez Pund-IT.
« Cela décrit bien la réalité des besoins de nombreux utilisateurs de PC, donc ça va être intéressant de regarder la façon dont les produits d’Acer et analogues vont fonctionner parmi les consommateurs, particulièrement les produits de prochaine génération sur le marché dotés de processeurs graphiques/technologie Nvidia. »

Cycle perturbé, marché déjanté ?

Mais cela sera-t-il de nature à perturber complètement le cycle d’achat des PC en entreprises ? C.King est plus circonspect.

« Je ne suis pas sûr qu’ils faillent les voir comme un élément perturbateur pour le marché, de manière globale.« , dit-il. « Car même si ces machines sont bon marché par rapport à un PC conventionnel et les notebooks, elles sont aussi de mauvais choix pour nombre d’applications courantes exigeant une grosse mémoire et un processeur musclé. »

La différence de prix entre les netbooks et les ordinateurs portables traditionnels est aussi beaucoup plus grande que celle entre les Net-Tops  et les ordinateurs de bureau traditionnels, selon Rob Enderle, analyste principal chez Enderle Group.

« Ces Net-Tops pourraient être très intéressant pour un marché en quête de nouveautés, fraiches et bon marché, explique-t-il. Toutefois, ce sont aussi des PC quelque peu limités et des PC classiques ont souvent des prix  plus proches de ceux des netbooks quand ils sont tirés vers le bas. La perception d’une grosse baisse de prix n’est pas aussi évidente. Cela va dépendre fortement de la façon dont ce type de produits est positionné. « 

L’acceptation par les clients de ces technologies va sans doute jouer un grand rôle dans  l’implantation de ces PC à faible puissance et de ces clients légers. Et c’est là que VARs risquent de tenir un rôle déterminant dans le sort de ces technologies au sein des entreprises.

« Pour l’instant, je ne m’attends pas à ce qu’il y ait un impact significatif sur le cycle de renouvellement des PC, quand bien même le potentiel est certainement là, dit MJ Shoer, président de Jenaly Technology Group à Portsmouth, dans le Maine. « Au cours des trois derniers mois cependant, est apparue une vague de vendeurs ayant déployé des solutions de bureau virtuel. Ce sont eux qui sont les premiers à profiter réellement de cette catégorie de matériel. La clé du succès ou non de ces équipements tiendra sans doute à l’acceptation des clients de ces bureaux virtuels. « 

Et selon Marc Harrison, président du fournisseur du « solution provider » Silicon East, l’acceptation du marché n’est pas encore là. « La plupart des utilisateurs veulent vivre pleinement l’expérience offerte par le bureau de Windows, et même si nous avons tenté la chose, les  clients légers et les PC virtuels ne sont pas encore prêts pour être mis en vedette, et franchement, ne sont pas rentables non plus. »

Harrison pense toujours que le cycle d’actualisation des PC va venir, en grande partie pour remplacer la flotte vieillissante des PC toujours en activité chez ses clients.  « Ce n’est pas que Windows 7 va être énorme pour le channel, ajoute-t-il. Tous ceux qui exploitent encore des boites de Windows XP, de 5-8 ans d’âge, vont devoir les remplacer, et les utilisateurs sont douloureusement conscients de cela.« 

Mais tandis que les clients légers semblent ne pas être prêts à monter au front, les netbooks et les Net-Tops ont encore de la ressource…
« Nous voyons les netbooks impacter les ventes de portables tous les jours, de plus en plus puissamment« , dit Daigle. « Par exemple, un utilisateur professionnel qui a un bon ordinateur de bureau dans son entreprise et bénéficie de la souplesse et la puissance de cet ordinateur de bureau sera souvent amené à acheter un netbook pour prendre la route, ce qui va lui permettre de faire un peu d’édition de documents, en toute légèreté. » 
Il conclut : « En tant que revendeur, quoi que je puisse faire pour rendre les projets plus abordables pour nos clients est le bienvenu. Si vous avez une valeur ajoutée elle peut s’avérer considérable pour les entreprises, mais si vous n’en avez pas estimez que c’est juste un clou supplémentaire pour le cercueil des ventes d’équipements. Comme ce sont des produits de commodités à faibles marges, ils ne valent pas l’effort d’un stockage ni de les revendre activement. «