Chrome OS annoncé, les Google Apps dont Gmail finalisés… Google a les dents longues !

Rappelez-vous quand a été lancé le navigateur Chrome de Google… Tous les observateurs bien au fait de la vie et de l’œuvre de Brin et Page, et fins connaisseurs du monde IT, avait pronostiqué, que dis-je, diagnostiqué qu’il s’agissait là d’un premier pas conduisant inexorablement Google au lancement d’un système d’exploitation maison… Et puis il y a eu Androïd. Et voilà Chrome OS, le caillou dans l’œil du golem Microsoft. Un nouveau système d’exploitation, concurrençant directement Windows, de XP à Seven, et dédié à priori aux PC personnels bien que le monde professionnel devrait aussi y trouver de l’intérêt…

Baptisé Chrome OS, en écho au nom du navigateur qui grignote des parts de marché sans pour autant mettre à mal pour l’instant le duo Firefox-IE, a été annoncé ce mardi et devrait être disponible dans le courant du second semestre 2010. Comment ? Probablement en OEM et chargé sur des PC portables « low cost » tournés vers les applications Internet. D’après une source interne, plusieurs fabricants de PC connus seraient déjà « dans la boucle », trop heureux d’avoir un concurrent du poids de Google pour contrebalancer l’omniprésence de Windows, notamment dans les Netbooks avec XP et bientôt Windows 7. Selon le blog d’un développeur interne à Google, Chrome OS est « la plateforme idéale » pour faire fonctionner et marier entre elles les applications Google, ou Google Apps (1), de Gmail à Google Calendar, en passant par les Google Docs, les outils de traduction, de cartes interactives (Google Maps) ou encore les outils de dessin et de création de sites Web (Sitemaps, Sketch, Blogger, etc.).

Le géant de Mountain View fait ainsi grimper Chrome tout en haut de sa stratégie de convergence entre ses diverses solutions. Ce, sans pour autant en faire un concurrent de l’autre OS maison Androïd, qui est et restera un OS définitivement orienté smartphones (mais aussi start-Op-boxes), quand bien même certains fabricants de netbooks impatients se sont précipités sur lui pour doter leurs dernières générations d’ultra-portables à moins de 400 euros. Avec Chrome OS, Google tient en quelque sorte un instrument de revanche pour Linux sur Windows, dans l’univers des Netbooks. En effet, alors que les premières générations de Netbooks – à commencer par la machine pionnière EeePC d’Asus – étaient livrées avec une distribution Linux, Microsoft a tôt fait de réoccuper l’espace et de renvoyer l’OS alternatif au petit monde du logiciel libre. Or, Chrome OS fonctionne sur un noyau Linux (comme le Mac OS X d’ailleurs). Il se destine aux architectures x86 ou à base de puces d’ARM. Information précieuse pour ce dernier, dans la mesure où Microsoft a fait savoir il y a quelques semaines qu’il n’assurerait plus le suivi des PC sour ARM… Une sacré opportunité et une fenêtre de tir évidente pour Google ! Et sans doute l’émergence de nouveaux PC, portables et ultra-portables s’appuyant à coût modique sur le duo X86-Chrome OS ou Arm-Chrome OS…

Avec Chrome OS, l’idée évoquée par la firme est d’offrir au marché et aux constructeurs ou intégrateurs, un OS capable de démarrer en quelques secondes et de se connecter en un clin d’œil au Web en offrant l’accès le plus intéressant possible à tout type d’applications « Cloud ». Google lance du reste un appel aux développeurs, comme il l’avait fait précédemment pour Androïd, en argumentant sur la facilité et l’universalité du développement, sachant que le Web et ses standards constituent ses uniques référentiels (contrairement aux systèmes d’exploitation de Microsoft malgré ses efforts en la matière).

Interrogée par l’agence Reuters, Charlène Li, associée de la firme de consulting Altimeter Group, a expliqué que, bien qu’à priori destiné à des usages de type web plus qu’à des applications gourmandes en ressources (comme les jeux ou les outils vidéos) Chrome OS pourrait très bien à moyen terme équiper des ordinateurs plus puissants, car – dit-elle – il se révèle plus rapide que Windows, à machine équivalente… S’agissant du tarif, l’analyste Rob Enderle – lui aussi cité par Reuters – estime qu’il devrait être minime… Voire nul ! Raison invoquée : l’habitude de Google de tirer ses revenus des applications connexes ou de la publicité.

Les Google Apps, dont Gmail, passent enfin en version finale

Quelques heures plus tôt, on apprenait que les Google Apps (1) de Gmail, à Google Agenda, de Google Docs à Google Talk, en passant par Google Video for Business (GVB) n’étaient plus en bêta, mais bien en versions finales. Histoire de valider définitivement ses choix, de rassurer les entreprises et de sortir d’une vision purement Web 2.0. Car la confiance des utilisateurs professionnels et des DSI était à ce prix. Comment en effet parvenir à commercialiser efficacement des applications, fussent-elles gratuites pour les particuliers, si elles donnent l’impression de ne pas encore être stables, d’être toujours en développement et en phase de peaufinage ?

La disparition de la mention Bêta suffit-elle malgré tout à faire changer d’avis les décideurs en entreprises, et en tous cas à les rassurer ? Pas vraiment, et Google dit en être parfaitement conscient. Il argumente donc, outre le tarif particulièrement agressif de ces applications (Google Apps Premier étant par exemple commercialisé à 50 dollars par an et par utilisateur), sur le soin apporté aux applications et à leurs fonctionnalités, sur l’écoute permanente des utilisateurs qui a conduit à l’adoption de certaines fonctions et au « retoquage » d’autres, ainsi qu’à l’apparition de fonctions demandées et plébiscitées par les pros, suite à des études menées en interne, comme  principalement l’accès en mobilité aux Google Apps (depuis un Blackberry ou un iPhone), la possibilité d’accéder à la messagerie sans être connecté ou encore la compatibilité étendue avec Outlook de Microsoft ou Thunderbird de Mozilla, pour ne citer que les plus importants.

(1)    Conseil de lecture sur les Google Apps : aux Editions Pearson, « Le Campus, Google Apps et autres applications » de Philipp Lenssen, sorti en avril dernier, 428 pages, 29 euros.