Syntec : Croissance zéro prévue pour le secteur des logiciels en France

Syntec Informatique anticipe dans sa dernière étude une absence totale de croissance du chiffre d’affaires du secteur des logiciels et des services en France au cours de l’année 2009. Le tout assorti d’une marge se situant dans la fourchette -2% à +2%, conséquence de pressions déflationnistes et de la lenteur des prises de décisions au sein des entreprises. Des chiffres à rapprocher de la croissance enregistrée par le secteur en 2008 : +5,5% à 42 milliards d’euros, soit dans le bas de la fourchette de 5 à 7% fournie par l’organisation, qui regroupe un millier de sociétés représentant 80% du chiffre d’affaires du secteur. En France la tendance devrait être la même que celle prévue pour toute l’Europe, avec une stagnation en Allemagne et des reculs respectifs de 2% et 5% au Royaume-Uni et en Espagne.

« Le premier trimestre sera probablement le plus acceptable parce qu’il est lié à tous les contrats engrangés l’année dernière, mais il est très difficile de prévoir de manière fine une saisonnalité avec les incertitudes qu’il y a aujourd’hui« , a expliqué à l’occasion de la conférence de presse, présentant les résultats, Jean Mounet, le président de Syntec Informatique. Pourtant en janvier encore, Syntec avait réaffirmé ses objectifs de croissance pour le premier semestre. La raison de ce changement d’opinion : Syntec, s’il dit ne pas constater de remise en cause des projets en cours, explique que la clientèle, en quête de retours sur investissements plus rapides, retarde ses processus de décision, pesant sur les marges, et réclame de manière générale des baisses de prix.

« De grands groupes, parfois avec des parties de capital public, font pression sur des PME innovantes de 100 personnes en leur disant : ‘Si vous ne baissez pas de 20% l’année prochaine, vous ne travaillez plus avec nous’« , regrette Jean Mounet, par ailleurs vice-président de Sopra Group. Cela dit, selon les analystes, le secteur devrait malgré tout mieux résister à la crise actuelle qu’à celle traversée en 2001-2003, à la suite de l’éclatement de la bulle internet. Motif avancé : le secteur a su augmenter sa part de revenus récurrents et il recourt de plus en plus à la main-d’œuvre « offshore ».

Tout compte fait, les activités les plus touchées devraient être le conseil, la R&D externalisée et l’assistance technique, avec des baisses respectives de 5%, 4% et 3%, tandis que l’infogérance (+5 à 6%) et les logiciels embarqués montreraient la plus forte résistance avec une croissance de 5%. En 2008, le conseil et services informatiques ont représenté 57% du chiffre d’affaires du secteur en France, contre 29% pour l’édition de logiciels et 14% pour le conseil en technologies.

En corollaire, le secteur des logiciels et des services, qui compte un peu plus de 21 300 entreprises employant en France pas moins de 370 000 personnes, devrait voir ses capacités de recrutement baisser en 2009, avec une chute de 30 à 50% du taux de turnover, de 15-18% en 2008 à 10-12% en 2009, toujours selon Syntec, décidément bien pessimiste. En revanche, le secteur bénéficierait sans doute des effets de la régulation accrue, notamment dans le secteur financier, de la rationalisation des services informatiques en réponse au besoin d’économies des entreprises et du développement des logiciels embarqués si l’on en croit Romain Hugot, le président de la commission économie-marchés de Syntec Informatique.

Et le SaaS dans tout ça  ? Ne représentant pour l’instant qu’environ 5% du secteur, il affiche une croissance à deux chiffres, de l’ordre de 40 à 50%. Un signe d’espoir pour un secteur qui s’apprête à traverser l’un des plus gros trous d’airs de son histoire…