Windows : Vista m’a tuer ou ode à l’élan brisé de l’OS de Microsoft

Par Lawrence Walsh, vice-Président and éditeur de Channel Insider USA.

Qu’il soit dit que Windows Vista n’a pas raté son coup par un manque d’efforts de la part de son éditeur.

Microsoft avait déclaré que la date de fin d’aventure pour les nouvelles installations de Windows XP- la dernière génération de son système d’exploitation écoulée à plusieurs millions d’exemplaires dans le monde – était fixée au 31 janvier 2009. Cependant, sous la pression tant des clients professionnels que des ‘systems builders’, XP a bénéficié une fois de plus d’un sursis. Les systems builders peuvent continuer à passer des commandes de Windows XP, via des distributeurs agréés, avec des dates de livraison pouvant aller jusqu’à Mai 2009 (1).

Une telle prolongation de la deadline est incontestablement une bonne nouvelle pour les fournisseurs de solutions autour des PC et les fabricants d’ordinateurs, qui ont travaillé d’arrache-pied pour convaincre les clients d’adopter des machines uniquement dotées de Vista, offre généralement rejetée du revers de la main par les dits clients. Mais la décision de Microsoft doit aussi signaler également l’acte final de contrition pour l’OS assiégé de toutes parts et qui, en dépit des efforts répétés de Microsoft, n’a pas réussi à capter l’attention et l’imagination des consommateurs de technologies.

Si Microsoft nous annonce avoir comptabilisé plus de 300 millions d’installations de Vista depuis sa sortie, la plupart des consommateurs correspondants sont des acheteurs de PC auprès de détaillants et de distributeurs directs. Selon un récent sondage réalisé par le ITIC et Sunbelt Software auprès de plus de 700 hauts cadres d’entreprise, seulement 10% d’entre eux ont déployé Vista sur leurs ordinateurs de bureau, tandis que 88% indiquent que Windows XP était leur OS principal.

Certains analystes et observateurs de l’industrie IT ont déclaré que ce dernier sursis accordé à XP va mettre plus de pression encore sur Microsoft pour accélérer la sortie de Windows 7, la prochaine génération de système d’exploitation. Une génération fondée sur une base Vista mais avec une empreinte mémoire nettement plus faible.

La réalité est différente et nous l’avons trouvé : Vista est la dernière version de Windows côté client. Voici pourquoi.

Après plus de 5 ans de fabrication, Vista a été annoncée en 2006 par Microsoft comme le déploiement le plus complet pour système d’exploitation dans l’histoire. L’éditeur a promis une véritable révolution tant du point de vue des fonctionnalités, que de celui de la fiabilité et de la sécurité des utilisateurs au sein d’un système d’exploitation qui n’a pas bénéficié de la fanfare accompagnant la naissance de Windows 95 plus d’une décennie plus tôt.

Quand  bien même Microsoft a louangé sa création,  de nombreuses nouvelles caractéristiques telles que l’affichage multi-écrans du bureau ou de vrais progrès comme la recherche intégrée, sont des innovations disponibles depuis pas mal de temps dans le monde Apple. Pire encore, les capacités graphiques haute définition ont signifié une expérience utilisateur « en berne » sur d’anciennes machines. Et, bien sûr, les utilisateurs ont découvert rapidement que le minimum d’1 Go de RAM exigé pour Vista était tout juste suffisant pour faire fonctionner un OS ballonné.

Deux ans plus tard, Vista n’est rien d’autre qu’un irrépressible échec. Selon Net Applications, la main mise de Microsoft sur les bureaux a montré de vrais signes de faiblesse en 2008, la part de marché de Windows glissant pour la première depuis une décennie sous la barre des 90% ! Plus inquiétant, Apple Mac OS X, le système d’exploitation préféré des utilisateurs de MAC, – a augmenté de près de 9% ses positions ; un chiffre sans précédent  et qui fait repenser qu’il n’y a pas si longtemps Apple a eu besoin d’un apport de trésorerie
de Microsoft pour rester en vie !

Dans le cadre des préparations avec le lancement de Vista, Microsoft a procédé à ce qu’il a décrit comme l’une des phases de bêta-testt les plus longues jamais réalisées. Il a fourni en amont des copies de Vista aux partenaires et aux fournisseurs de logiciels indépendants, afin que ceux-ci développent des applications, des pilotes à jour et travaillent à des tests d’interopérabilité. A cette période, plusieurs dirigeants de Microsoft ont déclaré que Vista disposerait, dès sa mise sur le marché, de milliers d’applications prêtes à l’emploi, ce qui en ferait un système incontournable dès sa parution. Certains ont même spéculé à l’époque sur l’hypothèse selon laquelle Microsoft tentait en fait le pari de court-circuiter la traditionnelle courbe d’adoption de 18 mois propre à tout nouveau système d’exploitation.

Le choc de la réalité : près de deux ans se sont écoulés et les utilisateurs continuent à  éviter Vista comme la peste. Un rapport récent a même indiqué que chez Microsoft, en dépit de l’accroissement des recettes de la division clients de 14% en 2008, une grande partie de cette progression provient de clients ayant payé pour l’accès à Vista sans pour autant choisir de le déployer. Dans ce contexte, rien d’étonnant à voir les fournisseurs de solutions, les systems builders et les distributeurs saluer le dernier report de XP.

L’été dernier, au cours de la Microsoft Worldwide Partner Conference, une noria de cadres de haut niveau de Microsoft a pris d’assaut la scène pour servir des discours enflammés sur la façon dont il faut combattre la concurrence et pour montrer au monde les avantages de Vista. Ils ont aussi lancé la misérable (mais très onéreuse) campagne de publicité avec Jerry Seinfeld, qui s’est achevée après une seule et terrible salve de spots. La société a aussi lancé un nouveau site Web pour tester les aptitudes des logiciels avec Vista. Et enfin, l’éditeur de Redmond a publié une série de rapports et d’études de cas qui vantait (un peu maladroitement) les avantages de Vista. Pour la plupart, ces importants efforts ont fait bien peu pour inverser la « course à la falaise » de Vista…

Au purgatoire ou dans les nuages ?

Certains peuvent conserver un œil sur Windows 7, le parant d’atouts propres à offrir à Windows un retour en grâce, mais il n’arriverait pas au mieux avant fin 2009, et ce qu’il propose pourrait sans doute être trop peu et trop tard. Même Microsoft a reconnu que l’informatique se projetait dans le cloud computing et l’héritier de Bill Gates, Ray Ozzie, a clairement indiqué que sa mission est de conduire Microsoft vers et dans le nuage
.
Dommage que, à l’instar des autres efforts commis par Microsoft dans l’histoire, celui-ci arrive après celui de ses principaux rivaux déjà arrivés à destination. IBM a annoncé qu’il allait clairement de l’avant avec un projet de clients légers basés sur Linux, Wyse Technology trouve un nouveau ressort en s’appuyant sur sa technologie de clients légers. Et que dire des smartphones et autres netbooks qui sont devenus rapidement des clients de choix pour de nombreux utilisateurs mobiles. Quant à Google, et son navigateur Chrome, c’est un secret de polichinelle que de voir en lui une version bêta à peine voilée d’un OS reposant sur les principes du cloud computing.

Microsoft est sûr de maintenir la pression sur l’adoption de Vista jusqu’à sa fin annoncée et forcément amère. Mais aucune campagne de communication ne peut permettre Vista d’échapper à son inévitable fin comme le « Edsel » o
u le « New Coke » de l’informatique mondiale. In fine, cette descente aux enfers pourrait être un mal pour un bien, et marquer le moment exact où Microsoft a définitivement perdu le modèle du système d’exploitation comme pierre angulaire de son business.

(1) Article du 23/12: XP hérite d’un nouveau sursis de 5 mois