Restructuration et changement de cap pour eBay

L’économie va mal ? Wall Street sombre ? Les bourses européennes sont en ébullition ? Pas de quoi arrêter dans son élan le géant de la vente aux enchères sur la toile qui s’apprête à dépenser pas moins d’1,3 milliard de dollars en acquisitions, dont presque 1 milliard (945 millions très exactement) dans le rachat de Bill-me-later, le numéro deux des paiements sur la toile juste derrière PayPal, ce qui rendrait eBay difficilement rattrapable en la matière… Les autres achats ? Deux sites danois de petites annonces (Den Bla Avis et BilBasen) pour un peu moins de 400 millions de dollars !

Contrepartie tactique ou élagage stratégique ?

Mais les annonces de rachats d’eBay se sont accompagnés d’autres annonces qui auront nettement moins réjouit en interne : la suppression de 10% de ses effectifs titulaires, soit grosso modo 1.000 personnes. Ce, en sus de « plusieurs centaines » d’emplois à durée déterminée non renouvelés à échéance.

Justification du CEO John Donahoe, sur la chaine de télévision CNBC : « Nous pouvons simplifier et centraliser certaines parties de notre organisation. »

Mais cette décision, la première de cette ampleur chez eBay, ne sera pas neutre sur l’état de ses comptes. En effet, le groupe devrait – selon certains analystes financiers consultés par CNN notamment – passer plus de 70 millions de dollars de provisions pour restructuration. Ce que confirme du reste un communiqué officiel d’eBay qui indique que cette charge affectera essentiellement son quatrième trimestre fiscal.

Pour ce qui est des résultats du troisième trimestre, qui seront annoncés le 15 octobre prochain, ils devraient – toujours selon ce communiqué – se traduire par un chiffre d’affaires « dans la fourchette basse de ses prévisions« , mais avec un bénéfice par action conforme aux prévisions (entre 20 et 30 cents par action).

Explication fournie par John Donahoe : « Les dépenses de consommation sont touchées par (le délabrement de) l’économie, et nos affaires sont aussi touchées« .

Alors pourquoi ?

Dans le contexte actuel, était-il bien cohérent de se lancer ainsi sur le marché du crédit à la consommation ? Concédant que la chose peut apparaître en effet comme « pas naturel » en ce moment, John Donahoe semble vouloir indiquer que l’opération était prévue de longue date et il tient a vanté les performances de Bill-me-Later, service créé il y a huit ans et qui compte déjà environ 4 millions de clients en portefeuille.

Stratégiquement parlant, avoir dans son escarcelle un tel partenaire permettrait à terme pour eBay de générer environ 150 millions de dollars de chiffre d’affaires supplémentaires à partir de 2009, car les achats de grande valeur ou en grande quantité seraient grandement facilités par Bill-Me-Later, qui accorde des paiements échelonnés aux acheteurs. L’exemple des Subprimes et l’endettement endémique des foyers américains n’ont donc pas fait peur à eBay…

Un peu plus aux investisseurs de Wall Street, déjà échaudés comme on s’en doute… A la mi-journée, à l’heure où nous écrivions ces lignes, le titre eBay plongeait de plus de 7 % sur le Nasdaq en atteignant et même dépassant son cours plancher depuis un an. Un analyste expliquait du reste que le titre a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis un an…