Les constructeurs de PC peuvent-ils se laisser tenter par Ubuntu ?

A la fin du mois du mois d’avril, Ubuntu 8.04 est arrivé juste dans les temps, sur le fil des six mois de son cycle habituel de mise à jour, rapidement accessible via un simple fichier image (ISO) disponible en téléchargement. Bien que cela soit perçu comme une nouvelle d’importance au sein de la communauté Linux, une question demeure : en quoi cette dernière version va-t-elle avoir un quelconque impact sur les principaux utilisateurs d’ordinateurs?

Pour la majorité des utilisateurs de PC, l’impact sera probablement nul. Pourtant, cela ne signifie nullement qu’il ne s’agit pas là d’une occasion à saisir pour les fournisseurs et les constructeurs… Encore faut-il qu’ils considèrent Ubuntu comme une alternative viable à Microsoft et à l’immense famille de produits Windows. %u2028 Et si c’était l’occasion pour beaucoup de franchir le rubicond ?

Alors que des centaines d’études de cas, des articles et des sessions de formation ont tous montré que Linux peut être une alternative viable à Windows, le simple fait demeure, les utilisateurs ne migrent pas en masse ! Cette dernière distribution d’Ubuntu peut-elle changer la donne ? Sans doute pas! Et pourtant des armées d’utilisateurs de Windows s’avouent de plus en plus désenchantés tous les jours! Il ya ceux qui évitent Windows Vista (dans toutes ses moutures), il y a ceux qui en sont encore à investir dans Windows XP, et il y a ceux qui se retrouvent tout simplement piégés par les systèmes d’exploitation Windows et la ligne d’applications d’affaires associée. Ce peut être là que se niche l’opportunité, l’occasion pour les fournisseurs de solutions de sortir des sentiers battus !

En savoir un peu plus sur Ubuntu

L’une des idées fausses les plus répandues au sujet d’Ubuntu est qu’il ne serait qu’un système d’exploitation Linux « de bureau », en réalité il est beaucoup plus que cela. La distribution Ubuntu est disponible en de nombreuses saveurs, chacune étant conçue pour un marché spécifique. Considérons en premier lieu qu’il y a deux catégories principales de Ubuntu, une version Desktop et une version Server. Comme son nom l’indique, Ubuntu Server est dédiée à la mise en place de solutions serveurs, tandis qu’Ubuntu desktop se concentre sur l’utilisateur individuel. Maintenant, ce serait trop beau si c’était aussi simple. En effet aussi bien les versions Desktop que Server ont de nombreuses « sous-versions », de quoi compliquer quelque peu la question…

Heureusement, la version Server vise pour l’essentiel les techniciens de haut vol, les administrateurs de réseaux et les intégrateurs, ce qui signifie que dans ce cas les utilisateurs finaux (et même quelques System Builders) se retrouvent nécessairement hors jeu.
L’histoire est un peu différente s’agissant des diverses éditions Desktop d’Ubuntu. Les utilisateurs individuels et ceux qui travaillent pour eux doivent faire face à une grande variété de choix quand il s’agit de choisir la bonne version. D’abord, il s’agit de choisir parmi trois natures d’environnements, à savoir GNOME, KDE et XFce. De plus il existe une version réservée à l’éducation (Edubuntu) et une version qui n’utilise que les distributions libres des logiciels (Gobuntu). Au-delà du choix de la distribution et de l’interface, les installateurs doivent encore choisir d’utiliser une version 32 ou 64 bits ! Arguons que le choix le plus populaire du moment est la distribution 8.04 Ubuntu 32 bits avec le bureau GNOME, KUbuntu (KDE) 32 bits suit de près.
Pour cette étude, nous avons pris le point de vue d’un « System builder » pour juger de l’installation d’Ubuntu (et Kubuntu) et de ce que cela implique dans le cadre de la distribution d’une PC Pro sous Linux à un utilisateur final. Dans ce cadre, nous avons réuni choisi un PC de bureau de milieu de gamme, avec de nouveaux composants et l’ajout/suppression de nouveaux composants pour compliquer un peu plus encore le processus d’installation. L’idée ? Tester l’installation des pilotes et la compatibilité du système monté, et évaluer la capacité d’échanger ou de mettre à niveau le matériel, ainsi que le niveau de compétences nécessaire pour de tels exercices…

Installons une machine…

L’installation originelle a été réalisée avec une machine construite autour d’une carte mère Tyan Tomcat avec un processeur AMD Phenom X3, 2 Go de RAM DDR2 estampillée Corsair, d’un disque dur EIDE Western Digital, d’un graveur DVD-RW LG et d’une carte graphique ATI HD3470 PCI-E. Nous avons également installé en cours de test par échange, une carte graphique Nvidia GeForce 6800 et un disque dur Sata de chez Seagate, ainsi qu’un lecteur optique Benq. Nous avons de plus essayé le système avec 1 Go de mémoire vive au lieu de deux.


Place à l’installation

L’installation a été réalisée directement depuis un ISO d’Ubuntu qui a été téléchargé sous forme d’image depuis le site d’Ubuntu et gravé sur un CD vierge. Les CD d’installation ont été créés conjointement pour Ubuntu et Kubuntu. « Booter » depuis le CD offre plusieurs options d’installations, depuis l’installation standard jusqu’à l’installation manuelle en passant par l’installation dite “OEM”. Pour Ubuntu comme pour Kubuntu, nous avons opté pour le process OEM spécialement dédié aux constructeurs de solutions cherchant à distribuer l’OS avec un nouveau PC.

Dans le cadre du processus d’installation, on peut choisir la façon de partitionner et d’allouer l’espace du disque dur, nous avons choisi la voie plus facile qui formate et partitionne automatiquement le disque dur. Ce qui signifie que toutes les données précédentes ou partitions seront écrasées. Le processus d’installation a pris environ 15 minutes et le système d’exploitation a détecté tous les principaux composants matériels et a installé aussitôt les pilotes appropriés – au moins tous ceux nécessaires pour que le système démarre. L’étape finale du processus d’installation initiale consiste à retirer du lecteur le CD d’installation et à redémarrer le système.

Après reboot, aussi bien Ubuntu que Kubuntu demande la saisie des informations de connexion. Ubuntu affiche par défaut les données de connexion de l’installateur, alors qu’avec Kubuntu on a le choix… Ces paramètres ont été en fait enregistrés au cours de la première étape de configuration, ainsi que quelques autres informations de base, tels que le nom du système, le fuseau horaire et paramètres locaux. Une fois connecté, le système se connecte automatiquement à un serveur de mises à jour et télécharge derechef les derniers pilotes, d’éventuels correctifs et mises à jour qui seraient nécessaires au bon fonctionnement de toutes les applications (processus qui n’a nul besoin d’être confirmé par l’utilisateur).

Une fois la première mise à jour complète, l’intégrateur peut lancer une application qui prépare le système pour l’expédition. Fondamentalement, cette application supprime tous les comptes et les paramètres qui ont été utilisés au cours de la première installation. Les utilisateurs finaux vont ainsi bénéficier de l’apparence d’un ordinateur prêt à être utilisé, alors qu’il a déjà été configuré en amont.

Pas sans failles…

Nous avons rencontré quelques petits soucis de drivers au cours de la procédure basique d’installation: les deux cartes graphiques additionnelles ont demandé le téléchargement de nouveaux pilotes pour fonctionner correctement. Cela dit, seulement les directives OpenGL et la 3D ont été affectés. L’interface générale fo
nctionne assez bien pour configure et utiliser “basiquement” l’ordinateur. Apparemment, le point crucial au cours de l’installation concerne la présence d’une carte réseau compatible et d’une connexion digne de ce nom à Internet. Si l’OS peut se connecter à Internet pendant l’installation, alors les pilotes “critiques » peuvent être automatiquement téléchargés et installés comme une étape supplémentaire du processus de setup.

Autre souci constatable: quand on decide de “switcher” entre deux types distinct de cartes graphiques. Si vous remplacez une carte ATI par une NVidia, le système (ou tout au moins son interface) se retrouverez soudain bloqué. Le moyen le plus simple de corriger ce problem est de réinstaller l’OS. Cela dit, aussi bien Ubuntu que Kubuntu offre des utilitaires pour un reboot propre ou un “safe mode” (mode sécurisé) qui permet à un technicien de changer ou de « reloader » les bons drivers. (…)

En guise de conclusion:

Ubuntu et Kubuntu sont des choix viables pour les utilisateurs désireux d’essayer « quelque chose de différent » et la version 8.04 est de loin la meilleure version à ce jour. Les deux offrent d’excellents assistants d’installation, un ensemble impressionnant d’applications et de très bonnes performances. Pour la plupart des utilisateurs, l’interface Gnome sera un meilleur choix. Gnome se révèle plus facile pour naviguer et personnaliser le KDE. Ubuntu avec Gnome est moins susceptible de provoquer de confusion mentale chez les utilisateurs finaux et devrait générer moins d’appels aux hotlines internes. Pourtant, KDE offre une apparence visuellement superbe et plusieurs effets de bureau qui permet d’avoir plus de plaisir à utiliser Linux. Bien sûr, les deux ordinateurs de bureau ne sont pas passés à Linux sans problème et pourrait soulever pas mal d’inquiétudes de la part d’utilisateurs habitués à Microsoft Windows. Mais, tout compte fait, ils arriveront tous à lancer et utiliser leurs applications, si les applications d’entreprise sont bien disponibles en masse sous Linux. Une chose est certaine, Ubuntu s’améliore en profondeur à chaque nouvelle version. Cette distribution devient plus stable, offre plus caractéristiques agréables sur le mode pointer-cliquer et hérite de plus d’applications compatibles. Au point qu’on aurait tort de l’ignorer : Linux est une vraie alternative aux Windows et à Mac OS.

L’article original (en anglais) dans sa globalité sur Channel Insider USA, en date du 26/05/08, est accessible ici